jean-pierre mocky
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Thibauld Mathieu , modifié à
Sur Europe 1, Olivia Mokiejewski revient sur le parcours de son père Jean-Pierre Mocky, quelques heures après l'annonce de sa mort.

Son parcours est à l'image de ses films : totalement singulier et original. Le cinéaste Jean-Pierre Mocky s'est éteint jeudi à l'âge de 86 ans, laissant derrière lui plus de soixante longs-métrages et une quarantaine de téléfilms, semblables à aucun autre. "Il voulait faire du cinéma intelligent, mais accessible à tout le monde. Il détestait les choses snob, trop intellectuelles", raconte sa fille, la documentariste Olivia Mokiejewski, jeudi, sur Europe 1.

"Il aimait vraiment le cinéma, mais au sens pur"

Avec une causticité très personnelle, il s'en prenait ainsi aux magouilles financières (Chut !), aux absurdités du système judiciaire (Le témoin), à l'administration (Les compagnons de la Marguerite), aux dessous de la politique (Une nuit à l'Assemblée nationale, Piège à cons). Ses cibles seront aussi la télévision abêtissante (La grande lessive), la presse (Un linceul n'a pas de poches), le business religieux (Le miraculé), le fanatisme sportif (À mort l'arbitre !) ou la corruption généralisée (Y a-t-il un Français dans la salle ?), une de ses réussites. "Il y avait une vraie colère et une envie de justice pour mettre au grand jour des sujets dont les autres ne parlaient pas", confirme Olivia Mokiejewski, très émue.

"Il aimait vraiment le cinéma, mais au sens pur. Il n'aimait pas les films français qu'il voyait aujourd'hui", reprend-t-elle. "Il n'aimait pas les choses intimistes, il n'aimait pas les acteurs qui se ressemblaient tous, il n'aimait pas les gens qui étaient beaux… Il disait 'il faut s'adresser à des gens comme tout le monde', 'il ne faut pas montrer que des gens très bien maquillés, très glamour', 'il faut parler vrai'."

"Il avait l'angoisse du temps qui passait"

Jean-Pierre Mocky, capable de tourner seize films en six ans (de 2011 à 2017), comptait d'ailleurs en commencer un nouveau en septembre, avec, encore une fois, "une volonté de faire bouger les lignes". "Je pense qu'il avait déjà l'angoisse du temps qui passait, donc il fallait faire le plus de films possibles dans une vie parce qu'il avait tellement de choses à dire qu'il faillait multiplier les projets. Il était tellement passionné, tellement habité par cet art, jour et nuit… Il avait un vrai besoin de s'exprimer sur des sujets de société."

Et qu'importe si ses dernières œuvres n'ont pas rencontré le succès espéré, tant dans les bureaux des distributeurs que dans les salles obscures. Cet anar fort en gueule est mort avec la persuasion que "ses derniers films seront découverts après sa mort".

"Il pensait être assez avant-gardiste dans certaines choses", appuie même sa fille, qui prend l'exemple de son dernier film, Tous flics, pour lequel il s'était entouré d'une équipe assez jeune. "Il était très à la page. Il regardait beaucoup de choses à la télé… C'est pour ça que c'est aussi un choc pour nous : je ne voyais pas le vieux monsieur, je voyais un copain avec qui je rigolais."