Appelez-le Emmanuel. C'est le véritable prénom de Manu Payet, mais aussi le nom du one-man-show pour lequel il est en tournée en France et qui lui a valu une nomination aux Molière 2018. Invitée dimanche dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, l'humoriste est revenu sur ses débuts, de la Réunion à Paris.
"Manu, c'était souvent le plus cool". C'est sur son affiche de spectacle que l'humoriste a réhabilité son prénom. "Depuis les dernières présidentielles, ça a repris quelques miles, le prénom en tout cas, alors moins en ce moment, on ne va pas se mentir", glisse Many Payet dans un sourire. "C'est vrai que c‘est un joli prénom, j‘ai toujours lutté adolescent contre le 'Emmanuel' parce que je trouvais Manu plus cool. Dans une bande, c‘était souvent le plus cool, et aujourd'hui, tu dis à un petit gars ou une nana de 20 ans que tu t‘appelles Manu, certains, j‘ai l‘impression que c‘est la première fois qu‘ils l‘entendent." Ces mêmes jeunes qui n'ont pas non plus, forcément, la référence au film érotique auquel l'affiche renvoie, puisque Manu Payet est étendu dévêtu dans un fauteuil en osier.
Hit The Road ! #emmanuelpic.twitter.com/StYyt5O4xx
— Manu Payet (@ManuPayetOff) 16 mai 2018
"Très intime". Ce choix n'est d'ailleurs pas si anodin. "Le one man, t’es quand même tout nu. Tu montes sur scène et tu as, entre toi et le public, un micro. Ce n’est pas ce qui va te protéger le plus (...). Il n’y a pas de danseur, il y a un peu de lumière et un peu de musique, mais il y a un moment où il n’y a rien d’autre que le son de ta voix", dit celui qui a aussi présenté la dernière cérémonie des César.
Et puis "je me raconte de manière très intime dans le spectacle, c’est une espèce de mise à nu." Malgré son travail d'humoriste, il explique d'ailleurs avoir conservé les traces de son éducation, avec notamment une mère prof de catéchisme. "J’ai signé un CDI avec la culpabilité judéo-chrétienne. C‘est pour ça que c‘est très difficile d‘aller au bout de certaines idées, volontés ou désirs." Sans cette morale, il pense qu'il aurait fait le même parcours mais "peut-être plus rapidement, en me posant moins de questions".
Un décès et un début. Né à la Réunion, Manu Payet fait un crochet en Afrique du Sud à 15 ans, en pensionnat. Sa mère l'y envoie pour l'éloigner d'une fille qui lui a "brisé le cœur". Ça lui vaudra d'être totalement bilingue. A 18 ans, il veut devenir rock star. Batteur dans un groupe, il participe à un festival. Entre les prises, il tchatche. Un patron de radio, Sébastien Folin, lui demande s'il serait intéressé pour faire de la radio "parce qu’il est beaucoup mieux entre les morceaux" que lorsqu'il joue. Son ego de musicien "décède ce jour-là", mais sa carrière décolle.
L'appel à Michel Hazanavicius. Il débarque à Paris à 25 ans. A la radio, il apprend le rythme qui lui servira pour le one-man-show. Et commence à apparaître dans des comédies. Pour son premier vrai rôle, il remplace au pied levé un acteur qui s'était fait virer d'un plateau par Gérard Depardieu. On le prévient deux jours avant. La veille, il jouait encore en spectacle. Il ajoute ensuite une corde à son arc en passant à la réalisation. Son premier succès sera Tout ce qui brille en collaboration avec Géraldine Nakache. Pour demain, il rêve de tourner sous les ordres de Michel Hazanavicius. "Je suis fan de ce bonhomme", lance-t-il.