Le milliardaire François Pinault rêvait d'un lieu à Paris pour accueillir sa collection d'art contemporain. Ce devrait bientôt être chose faite. La Mairie de Paris a en effet racheté la Bourse du commerce, un bâtiment en rotonde situé dans le quartier des Halles, pour 86 millions d'euros, afin d'y exposer les œuvres.
Une vente surfacturée ? C'est Le Canard enchaîné qui a révélé l'information mercredi, avant que la mairie ne confirme. Mais selon l'hebdomadaire satirique, le montant déboursé par la capitale est beaucoup trop élevé. En effet, ce bâtiment historique avait été cédé pour un franc symbolique en 1949 à la chambre de commerce et d'industrie (CCI). Et "une condition particulière est ajoutée au contrat" à l'époque, écrit le Palmipède. "La transaction peut être annulée si l'immeuble ne sert plus à l'usage principal de services publics dépendant de la chambre de commerce."
Selon cette clause, la mairie de Paris aurait donc dû récupérer la Bourse du commerce pour…environ 15 centimes d'euros. Faux, rétorque sur ce point la mairie, qui affirme de son côté que le bail de 1949 interdisait à la CCI de vendre le bâtiment à des tiers mais que, dans le cas d'une revente à la ville de Paris, "la CCI était en droit de valoriser le bien".
"Le prix n'était pas anormal". "Il y a eu une négociation sur le prix. Mais il est donc faux de dire que Paris pouvait acheter au même prix que celui de 1949", se défendent les services de la maire PS de la capitale, Anne Hidalgo. Par ailleurs, toujours selon la mairie, le montage a été "validé" par France Domaine ainsi que par le Conseil du patrimoine. "Le prix n'était pas anormal", explique-t-on.
Autre point soulevé par Le Canard enchaîné : le montant de l'indemnisation versée à la CCI pour ses investissements dans l'immeuble. L'hebdomadaire évoque la somme de 23 millions d'euros alors que, selon lui, un audit de la préfecture d'Ile de France évaluait ces investissements à 4.3 millions d'euros. Là encore, la mairie se défend. "Les 23 millions constituent une indemnité de reconstitution de service public, pas une indemnisation des investissements réalisés. Cela n'a rien d'inédit", justifient les services d'Anne Hidalgo.
Enfin, le Palmipède évoquait la cession de deux immeubles municipaux à la CCI afin de "rembourser la facture de 86 millions d'euros". Ce que la mairie confirme. "C'était un échange foncier, donc l'achat s'équilibre financièrement par les autres ventes."