"Le regard des gens, j'en ai que faire", chante Yseult dans son titre Corps. Six ans après avoir été révélée par la Nouvelle Star, l'artiste revient avec un projet musical intime qu'elle construit chaque jour comme une pièce de théâtre. "Je suis ma propre manageuse, je me produis toute seule et ça me plait car personne ne me dit quoi faire", souligne au micro d'Europe 1 celle qui a été lassée des maisons de disques et du fonctionnement de l'industrie musicale. C'est aussi pour ça qu'elle n'hésite pas à afficher son corps dans son esthétique et à en parler : sur la pochette de son single s'affiche un ventre, le sien, loin des canons de beauté imposés. Dans son clip, elle chante nue, recouverte seulement à quelques endroits d'une parure transparente.
"J'essaye à mon échelle de revenir à l'essentiel, c'est-à-dire la musique et l'art. Le reste, c'est l'image. Je raconte des choses intimes dans mes chansons, c'est pour ça qu'il y a beaucoup de liens avec ma peau. Et ça, ce n'est pas parce que c'est une sorte de 'body positivisme'."
Car Yseult n'hésite pas à critiquer cette société qui évolue sur les questions d'identités sociales, sexuelles et physiques : "Ça m'irrite de voir que maintenant, on va prendre une grosse pour parler d'un sujet, d'une noire pour un autre… Évidemment qu'il faut le faire mais j'ai l'impression que l'on se réveille aujourd'hui. Quand je dénonçais le racisme et la grossophobie il y a quelques années, on me riait au nez", se souvient-elle. Au magazine de la marque de vêtements Asos (pour laquelle elle a posée), elle disait s'inspirer aujourd'hui de stars américaines et britanniques sur ces questions : "Jorja Smith, Mabel, Princess Nokia… Ces meufs-là s’assument à fond et ont confiance en elles. En France, si tu dis que tu te kiffes, on dit que tu te la pètes. C’est fou, non ?"
Une artiste qui veut prendre son temps
Impliquée et engagée, Yseult veut proposer un projet musical global. C'est elle qui réfléchit à l'esthétique de ses clips ou de ses pochettes, elle écrit et compose... et veut se détacher des schémas classiques imposés aux artistes par les maisons de disques : "Je trouve qu'on ne laisse pas assez le temps aux artistes de se développer. En France, il y a tout une logique à respecter : sortir un single, le présenter aux médias, les séduire avec un petit concert intimiste et puis ensuite sortir l'album. Mais je pense qu'il ne faut pas avoir peur du temps", déclare celle qui a sorti deux mini-albums appelés Rouge et Noir.
Le temps qu'elle a, Yseult l'utilise aussi pour les autres : elle a écrit des textes pour Jenifer, Chimène Badi et a fait quelques premières parties d'Angèle. Qu'on l'adule ou qu'on l'a déteste, Yseult finalement n'en a que faire. Comme elle le chante dans l'un de ses titres… elle n'a rien a prouver.