Il voulait conduire une F1, il est devenu le premier pilote d'essai de l'A380

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
A 18 ans, il voulait conduire une Formule 1. Faute d'argent, Jacques Rosay est devenu pilote de chasse, puis d'essai chez Airbus et a été le premier à tester le plus grand avion de ligne du monde, l'A380, dont il assurera chaque jour les démonstrations en vol au Bourget.

"Bien qu'il soit gros, il se pilote comme les autres. Pas de difficulté supplémentaire comme on peut en avoir au volant d'un poids lourd par rapport à une voiture de tourisme. Il est aussi maniable qu'un moyen-courrier A320", assure ce soixantenaire au gabarit de jockey. Pendant les sept minutes de vol quotidien au salon du Bourget, Jacques Rosay fera décoller, virer et atterrir l'appareil à faible vitesse, 110 noeuds, soit 200 kms/heure, à proximité du public.

 

Mais pas question de faire des loopings. "L'avion n'est pas fait pour ça", explique-t-il en riant. "Ses commandes l'empêchent d'ailleurs de prendre ce type d'attitude complètement déraisonnable". Et puis les loopings, il en a fait suffisamment dans sa jeunesse. Son dernier vol sur un avion de chasse, un mirage III, son appareil fétiche, remonte à 15 ans, la veille de son arrivée chez le fabricant européen Airbus. "C'est plus fatigant pour l'organisme", reconnaît-il. Lui, dont la vue était excellente à vingt ans, lorsqu'il a passé le concours de l'école de l'Air, porte désormais des lunettes d'astigmate.

 

Un parcours classique pour un pilote d'essai d'Airbus. "Les plus jeunes d'entre nous ont 45 ans. La plupart ont été auparavant pilotes de chasse car on y acquiert l'expérience des situations délicates", raconte ce chef d'équipe d'une soixantaine de personnes. Au Bourget, le paquebot des airs ne se livrera pas non plus à un ballet aérien avec d'autres appareils. Et l'idée d'avoir des spectateurs le laisse imperturbable. "Je me concentre sur ce que j'ai à faire et sur ce qui peut mal se passer. Une panne ou un autre avion qui arriverait par exemple. Il faut simplement être précis et rigoureux, sans s'exciter".

 

Pas d'entraînement particulier pour le Bourget. "Je fais régulièrement la démonstration dans des salons". Il vole d'ailleurs environ 350 heures par an, soit une heure par jour. Pendant une campagne d'essai -comme ce fut le cas avant la livraison du premier A380 à l'automne 2007-, il a même volé 450 heures en un an. Et "un vol d'essai n'est en rien comparable" avec un vol commercial, "il y a des secondes d'essai qui dure des siècles".