À cause d'Airbnb, "les populations des couches moyennes n'ont plus leur place dans Paris"

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Anaïs Huet
Hausse des loyers, diminution du nombre de logements disponibles… Il est de plus en plus difficile de se loger à Paris, a fortiori pour les familles avec enfants.
LE TOUR DE LA QUESTION

L'arrivée d'Airbnb a totalement déstabilisé le marché immobilier, a fortiori dans les villes touristiques. En septembre, sur Europe 1, Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris en charge du logement, estimait à 20.000 le nombre de logements perdus en cinq ans. Des logements qui étaient auparavant "loués à des Parisiens", et qui sont rapidement devenus "des machines à cash, utilisés uniquement pour accueillir des touristes", avait regretté l'élu.

Chez Wendy Bouchard lundi matin, plusieurs spécialistes du logement ont également déploré cette situation, qui bouleverse le quotidien des Parisiens.

"Les couches moyennes n'ont plus leur place dans Paris". "Il y a quelques années, je disais 'Paris ne sera jamais Venise'. Eh bien Paris est en train de le devenir. Les populations des couches moyennes qui sont au service des autres n'ont plus leur place dans Paris. Elles ne peuvent plus se loger", constate amèrement Jean-Yves Mano, président de l'association de défense des consommateurs CLCV. "Il y a une diminution de l'offre, car on observe une transformation massive des logements en meublés touristiques. Même si des réglementations – peut-être un peu tardives – sont en train de se mettre en place", poursuit-il.

>> De 9h à 11h, c'est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

Pour Cécile Maisonneuve, présidente du think tank "La fabrique de la Cité", un groupe de réflexion spécialiste de la rénovation urbaine, il faut effectivement veiller "à ce qu'il n'y ait pas une part trop importante du parc qui soit occupée uniquement par des Airbnb, auquel cas cela déstructure le tissu urbain, en termes de vie de quartier et de commerces."

Des écoles fermées en plein Paris. Jean-Yves Mano en veut pour preuve "la fermeture d'écoles" dans certains arrondissements "du centre de Paris". C'est notamment le cas de l'école maternelle Brantôme, située dans le 3ème arrondissement, qui n'a pas rouvert ses portes en septembre. Le rectorat de Paris a considéré que le nombre d'élèves (32 enfants répartis sur deux classes) était trop faible pour maintenir l'établissement. En 2019, l'école de la rue de Vaugirard, située près du jardin du Luxembourg, dans le 6ème arrondissement, pourrait elle aussi disparaître.

Selon un article du Monde publié en août dernier, Paris perdrait chaque année 3.000 élèves de primaire dans les 1er, 3ème, 4ème et 6ème arrondissements, faute de familles capables de s'installer, ou de rester, dans ces zones très touristiques, au cœur de la capitale.