Les clients d’Air France peuvent s’inquiéter pour leurs prochains voyages : les syndicats de pilotes de ligne n’écartent pas le principe d’une nouvelle grève, après un précédent mouvement qui n’a pas permis de faire avancer leurs revendications. Le SNPL et le Spaf, les deux organisations syndicales majoritaires dans ce métier, pourraient se décider dès mercredi.
Les pilotes réfléchissent à la suite. En grève du 11 au 14 juin, les syndicats de pilotes n’ont pas réussi à faire bouger la direction d’Air France. Ces derniers n’écartent donc pas l’idée d’une nouvelle mobilisation dans les semaines à venir. "Aucun des trois syndicats ne pourra accepter de ne pas avoir été entendu", a prévenu lundi Emmanuel Mistrali, porte-parole du SNPL, dénonçant la "politique de la chaise vide" de la direction depuis le milieu de semaine dernière.
Après s’être réunis lundi pour faire un "point d'étape", les syndicats ont prévu de se revoir mercredi pour préparer la suite. Un nouveau mouvement de grève est envisagé dans les semaines à venir. Une date a déjà été surlignée sur le calendrier : le 4 juillet prochain, date d’entrée en fonction du nouveau PDG de l’alliance Air France - KLM, Jean-Marc Janaillac.
Au fait, que réclament les pilotes de ligne ? Les pilotes grévistes s'opposent au changement de certaines règles de calcul de leur rémunération, décidé par la direction au 1er juin. Cette dernière a décidé d’imposer de telles mesures après le refus des syndicats de pilotes d’honorer leurs engagements pris dans le cadre du plan Transform 2015, alors que toutes les autres catégories de personnel ont joué le jeu. De leur côté, les pilotes accusent la direction de ne pas avoir respecté les contreparties promises et réclament des garanties sur la pérennité d'Air France. A leurs yeux, la direction privilégie les autres branches du groupe, à savoir Transavia, Hop et KLM.
Un mouvement qui irrite chez les partenaires de KLM. Ces derniers commencent d’ailleurs à critiquer la stratégie suivie par les syndicats de pilotes de ligne français. Le Syndicat des pilotes de ligne néerlandais (VNV) a envoyé vendredi une lettre interne à ses membres pour faire le point sur la situation chez Air France. Et le ton est plutôt amer : "le VNV désapprouve la grève ici et maintenant car toutes les voies menant à une solution n’ont, selon nous, pas été explorées", rapporte le site spécialisé Air Journal, qui s’est procuré la lettre. Et le syndicat néerlandais d’ajouter que la stratégie de ses homologues français suscite "beaucoup d’inquiétudes et d’exaspération". Le VNV déclare "partager l’incompréhension, aussi bien provoquée par le moment choisi pour l’action que par le contenu" des revendications.
De son côté, la direction d’Air France a entamé une bataille de chiffres, assurant mardi que la dernière grève avait probablement fait perdre à la compagnie plus de 40 millions d’euros. "40 millions, c'est (le coût d') un avion et demi en moyen-courrier, c'est beaucoup d'argent", a regretté le PDG d’Air France Frédéric Gagey, avant d’ajouter qu'il s'agissait d'une "grève perdante pour Air France".