AirBnb : Paris en guerre contre les meublés touristiques

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Jean-Jacques Hery avec Gaétan Supertino
OPÉRATION COUP DE POING - La mairie a envoyé une trentaine d'agents pour repérer les locations illégales. Une vaste mission.

À Paris, louer une résidence secondaire meublée à des touristes est illégal. Alors que le manque de logements dans la capitale s'accentue, la mairie part en campagne contre ce type de locations. Il y en aurait entre 25.000 et 30.000, loués pour de très courts séjours par leurs propriétaires qui n'y habitent jamais, le plus souvent via des sites comme AirBnB ou le Bon coin.

Depuis mercredi et jusqu'à vendredi soir, des agents municipaux tapent donc aux portes des appartements de 80 immeubles à Montmartre, Saint-Germain-des-Prés mais surtout dans le Marais, où les soupçons de locations illégales se portent le plus.

Une amende de 25.000 euros. Dans certaines rues du Marais, un appartement sur quatre serait loué de manière illégale. Dans les halls d'immeubles et les cages d'escaliers, on y parle toutes les langues. "C'est un appartement AirBnB, c'est beaucoup moins cher. Moi l'hôtel je ne peux pas me le permettre et c'est mieux d'avoir une cuisine", témoigne ainsi Andrea, Suisse, en vacances à Paris. Andrea ne risque rien. Mais le propriétaire de l'appartement qu'il a trouvé sur AirBnB risque, lui, une amende de 25.000 euros.

"Le Marais est devenu Disney".  Il faut en effet une amende dissuasive pour faire renoncer les propriétaires. Loués parfois 300 euros la nuit dans les plus beaux quartiers, ces meublés représentent un business juteux. Un business qui agace parfois d'ailleurs les habitants. "Le Marais est devenu Disney. Il y a des va et vient tout le temps. Les touristes demandent d'ouvrir le code, laisse la poubelle devant la porte. Ce n'est pas leur immeuble, ils s'en foutent", déplore ainsi au micro d'Europe 1 Henri, boucher dans le quartier.

30 infractions réalisées. Les plaintes de ces habitants parviennent régulièrement à la mairie, qui recoupe les annonces en ligne et envoie les agents vérifier. Pour la ville, ce combat est devenu une priorité. "Dans une ville comme Paris qui manque de logements, si les meublés se transforment en lieux touristiques, on va avoir une pénurie qui va encore augmenter", prévient ainsi Ian Brossat, l’adjoint (PCF) au maire de Paris en charge du logement. "Dans le quatrième arrondissement, nous avons perdu 5.000 habitants depuis 1990", regrette l'élu.

Depuis mercredi, 30 infractions ont été constatées par les agents municipaux. Généralement, propriétaire et mairie s'arrangent  à l'amiable. Le plus souvent le propriétaire préfère remettre son appartement dans le parc locatif que de payer une amende de 25.000 euros.