Attentat en Isère : Seveso, une classification pour les sites industriels sensibles

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SECURITE - Cible d’un attentat vendredi, l’usine Air Products de Saint-Quentin Fallavier est classée Seveso.

Moins de six mois après les attentats meurtriers de Paris, une attaque terroriste a visé vendredi une entreprise située près de Lyon, faisant deux blessés légers dans une explosion et un mort, un homme dont le corps décapité a été retrouvé sur le site. Cet attentat a été perpétré sur un site de gaz industriels en Isère, près de Lyon. Une usine qui appartient au groupe Air Products et estampillée Seveso. De quoi s'agit-il ?

Une norme pour les sites sensibles. La classification Seveso est régie par une directive européenne du même nom. Mais d’où vient le terme Seveso ? D’un accident qui s’est produit en 1976 près de la commune italienne de Seveso, au nord de Milan : l’explosion du réacteur d’une usine chimique a alors provoqué l’émission d’un nuage de dioxine qui contamina toutes les communes voisines.  Pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise, les pays de l’Union européenne ont alors décidé d’instaurer en 1976 une réglementation pour les sites industriels manipulant des produits dangereux et présentant donc des risques d’accidents majeurs. Les secteurs concernés opèrent le plus souvent dans la chimie, l’industrie pétrolière ou la production/transformation d’énergie.

L’objectif est de renforcer la prévention en obligeant les industriels manipulant des matières dangereuses à envisager le pire : tous les risques sont-ils identifiés ? Le scenario d’un accident et ses conséquences ont-ils été envisagés ? Comment limiter les accidents et leurs conséquences ? Des procédures d’évacuation ont-elles été mises au point ? Comment les populations vivant aux alentours sont-elles prévenues et protégées ? Autant de questions auxquelles les entreprises concernées doivent répondre pour établir un rapport de sécurité communiqué aux autorités nationales et européennes. Ce dernier doit permettre de mettre en place un plan d’urgence, d’évacuation, mais aussi d’adapter l’urbanisation autour des usines concernées.

Il y a Seveso et Seveso. Suite à un nouvel accident industriel, en 1986 à Bâle cette fois-ci, l’Union européenne a progressivement renforcé ce dispositif en adoptant une deuxième directive, dite Seveso 2, puis une troisième, entrée en vigueur en juin 2015.

A partir de Seveso 2, la réglementation prévoit une mise à jour du rapport de sécurité tous les 5 ans et établit une distinction en fonction du risque que présentent les sites industriels. On parle depuis de "Seveso seuil bas", pour les sites les moins risqués, et de "Seveso seuil haut". Dans le cas de l’attentat perpétré vendredi, le site d’Air Products – qui manipule de l’oxygène et de l’azote - est classé Seveso seuil bas. D'abord parce que le site est de taille limitée, ensuite parce qu'il stocke une faible quantité de gaz.

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Combien de sites sont concernés en France ? Près de 1.200 sites sont classés Seveso en France : la moitié sont en Seveso seuil bas et l’autre moitié en seuil haut, synonyme de normes de sécurité plus strictes. La vallée du Rhône, où est située l'usine Air Products, abrite la plus forte concentration de sites industriels en France. De nombreuses usines aux alentours sont donc elles aussi classées Seveso. Sur la seule commune de Saint-Quentin Fallavier, trois autres entreprises sont concernées.

Seveso ne signifie pas risque zéro. La classification Seveso a contribué à réduire les risques d’accident en Europe. Mais elle est d’abord axée sur la sécurité, et non la sûreté : elle tente de prévenir les risques venant du site lui-même, et non ceux venant de l’extérieur.

Cela n’empêche pas les entreprises concernées de mettre en place des mesures complémentaires de sûreté : le site d’Air Products n’est ainsi accessible qu’après identification par interphone et tous les employés sont badgés. L’autorité publique met en place également des dispositifs de sécurité complémentaires : "tous les sites Seveso sont particulièrement surveillés, et en période de menaces, comme c'est le cas actuellement en France, il y a des dispositifs particuliers qui sont pris régulièrement", a rappelé sur Europe 1 Roger Marion, ancien chef de la Division nationale anti-terroriste de la Direction centrale de la police judiciaire.

Mais de tels sites ne sont pas aussi sensibles que peuvent l’être une ambassade ou un ministère. Leur protection face aux menaces venant de l’extérieur est donc forcément limitée. Surtout lorsqu’elles sont la cible d’attaques hors de l’entendement.

 

>> Voir aussi : Europe 1 a pu joindre en exclusivité la compagne de Yassin Salhi l'homme interpellé vendredi et auteur présumé de l'attentat :


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