Ce n'est plus qu'une question de jours. Après avoir reçu l'aval du Parlement lundi, la Première ministre britannique Theresa May a confirmé qu'elle déclencherait l'article 50 du traité de Lisbonne "avant la fin du mois", entamant ainsi la procédure de divorce avec l'Union européenne, le fameux Brexit. La sortie du Royaume-Uni prendra plusieurs années et aura de nombreuses conséquences encore floues voire inconnues. Elle affectera notamment les consommateurs français.
Un partenaire majeur. De par leur histoire commune, leur proximité géographique et leur appartenance parallèle pendant plus de 40 ans à l’Union européenne, la France et le Royaume-Uni entretiennent des liens commerciaux importants. Le Royaume-Uni est notre 5ème client (7% des exportations françaises traversent la Manche) et notre 8ème fournisseur (4% des importations). Avec à la clé le plus important excédent commercial de la France : 12,2 milliards d’euros en 2015.
Sortie de l’union douanière. La séparation de l’UE et du Royaume-Uni risque fort d’altérer cette relation commerciale. En effet, Theresa May a indiqué en janvier que le Brexit allait de pair avec une sortie du marché unique. "Le Royaume-Uni ne pourra probablement pas rester non plus dans l’union douanière", estime Sébastien Jean, directeur du CEPII. Theresa May compte en revanche négocier un accord de libre-échange. "Elle veut des accords sectoriels mais l’Union européenne n’est pas prête à l’accepter", explique Charles de Marcilly, de la Fondation Robert Schuman. "Bruxelles ne veut pas créer de précédent d’un pays qui sort de l’UE en conservant les avantages mais pas les inconvénients".
Des milliards d’euros de taxes. Il est donc envisageable que des taxes douanières soient mises en place entre l’UE et le Royaume-Uni. Autrement dit, les produits britanniques coûteront plus cher aux Européens, et inversement. Une étude de l’Organisation mondiale du commerce publiée en mai 2016 (donc avant le vote du Brexit) prévoyait qu’en cas de sortie, le Royaume-Uni devrait s’acquitter de sept milliards d’euros de taxes annuelles pour exporter ses produits vers l’UE. Une estimation qui doit être prise avec des pincettes puisque les négociations autour du Brexit ne font que commencer.
Voitures plus chères. Parmi les dix principaux postes d’importation de marchandises de la France depuis le Royaume-Uni, six ont en effet trait à la consommation courante ou régulière. A commencer par les voitures. De nombreux constructeurs ont choisi de s’implanter au Royaume-Uni pour assembler leurs véhicules, avant de les expédier vers le reste de l’Union européenne. Entre autres, la Mini Clubman, la Honda Civic, l’Opel Astra, les Nissan Juke et Qashqai ou encore les flottes de Land Rover et Jaguar sont assemblées au Royaume-Uni et donc, d’ici quelques années, hors de l’Union européenne.
Or, les véhicules importés par l’UE depuis un pays tiers subissent une taxe douanière de 10%. L’éventualité d’une taxation équivalente effraie sérieusement les constructeurs britanniques. Du côté des consommateurs Français, les véhicules cités plus haut se révèleraient moins intéressants qu’aujourd’hui en termes de rapport qualité/prix.
L’"English breakfast" se mérite. Mais les voitures ne sont pas les seuls produits que les Français risquent de payer plus cher à cause du Brexit. Le prix des spécialités alimentaires britanniques pourrait grimper lors du passage en caisse. On pense évidemment à Marks & Spencer, la plus connue des chaînes de grande distribution britanniques. Même s’il a recours à des implantations locales, le groupe alimente majoritairement ses magasins européens à l’aide de ses 358 usines britanniques. Le bacon, les chips au vinaigre et les beans qui y sont produits coûteront certainement quelques centimes de plus.
Il faudra également faire attention à sa consommation de saumon d’Écosse. A moins qu’ils n’obtiennent leur indépendance et leur maintien dans l’UE, les Écossais quitteront bel et bien l’Union avec les Anglais. Pour l’instant, le saumon d’Écosse n’est pas taxé, contrairement à son concurrent norvégien. Il est donc généralement moins cher. Pour se faire une idée de la potentielle hausse à venir, on peut regarder les taxes appliquées à Oslo : 2% pour le saumon non-fumé et 13% s’il a été fumé en Norvège avant d’être expédié vers l’UE.
Whisky avec modération. Autre spécialité écossaise et anglaise qui verrait son prix augmenter : le whisky. Les Français sont les premiers consommateurs de scotch dans le monde. Nous raffolons (avec modération) de Glenlivet, Glenfiddish mais aussi des alcools de petites distilleries. A moins de se tourner vers la production irlandaise, il faudra ajouter quelques euros par bouteille pour continuer à déguster les whiskies écossais et anglais*.
Hausse minime de la facture énergétique. Enfin, le Royaume-Uni est le premier producteur de pétrole de l’Union européenne et le deuxième concernant le gaz naturel. Le Brexit impliquera donc une augmentation de la facture énergétique pour les Français. Par ailleurs, les entreprises seront également impactées et pourraient répercuter cette hausse sur leurs produits finis. Cependant, le Royaume-Uni étant un fournisseur énergétique marginal pour la France, les conséquences pour notre porte-monnaie seront quasiment indolores.
*L’abus d’alcool est dangereusement pour la santé, consommer avec modération.