À la SNCF, la RATP, chez EDF, GDF ou dans certains corps de la fonction publique… On estime à plus d'un million le nombre de retraités qui dépendent d'une caisse de retraite spécifique. Une gigantesque pieuvre administrative qui a commencé à se former il y a des années, voire des siècles. Et dont on voit encore certaines racines aujourd'hui. Plusieurs caisses de retraite centenaires continuent, encore aujourd'hui, de donner du travail aux fonctionnaires de la Caisse des dépôts et des consignations (CDC), qui a en charge leur gestion.
La caisse de l'Imprimerie nationale s'est éteinte. Vieille de 190 ans, la caisse de retraite de l'imprimerie nationale vient, par exemple, tout juste de s'éteindre, révélait le 7 octobre Le Figaro. Son dernier adhérent étant mort fin 2013, elle ne reverse désormais plus aucune pension. Et le compte sera clôt dans les semaines qui viennent. Créée en 1824 par ordonnance royale, cette caisse ne comptait plus de nouveaux affiliés depuis… 1928, date à laquelle les employés de l'imprimerie ont été inscrits à la caisse des ouvriers des établissements industriels de l'État.
Un budget gestion de 7.500 euros par an. Depuis tout ce temps, les services de cette caisse, rattachés depuis 1995 à la Caisse des dépôts et des consignations (CDC) de Bordeaux, qui gèrent la plupart des caisses en voie d'extinction, continuaient de gérer les dossiers des derniers retraités de l'ancienne gloire de l'imprimerie publique. En 1995, date du transfert de gestion à la CDC, la caisse ne comptait déjà plus qu'une trentaine d'affiliés. Depuis, l'Etat allouait à la CDC environ 7.500 euros par an au titre des frais de gestion de cette caisse, pour des missions tels que le suivi financier du fonds, le calcul des pensions où… la mise en place de "contrôles nécessaires pour s’assurer de l’existence des pensionnés". Des missions qui occupaient l'équivalent "d'un 10e de salarié à temps plein", selon la CDC, contactée par Europe1.
Une trentaine d'autres cas. La caisse de retraite de l'imprimerie nationale n'est pas un cas isolé. Une trentaine d'autres régimes vivent aujourd'hui leurs dernières heures. La caisse des Chemins de fer de l'Hérault, par exemple, verse une pension à un seul retraité depuis 2011. Et celui-ci avait 89 ans fin décembre, selon le dernier rapport de la CDC disponible, en date de fin décembre 2013. Le département de l'Hérault verse environ 350 euros annuels de subvention, pour la gestion de cette caisse qui date du 19e siècle et du développement des chemins de fer.
Il en va presque de même pour la caisse de retraite des Chemins de fer franco-éthiopiens (14 cheminots retraités), celle du chemin de fer de la Mure et des transports en commun de la région lyonnaise (122), des régies ferroviaires d'Outre-mer (155) ou même du régime des anciens salariés de l'ORTF (143), qui ne devraient pas tarder à s'éteindre.
Les mines en ont encore pour 50 ans. D'autres régimes de retraites ont, elles, fermé leurs portes à de nouveaux arrivants, mais elles en ont encore pour quelques années à vivre. La caisse autonome de sécurité sociale dans les mines par exemple, qui indemnise les anciens miniers et leurs veuves, compte encore 286.000 pensionnés. Selon la CDC, la caisse devrait s'éteindre complètement aux alentours de 2060. Mais à l'heure actuelle, l'Etat verse encore plus de 1,3 milliard d'euros à la caisse par an, pour la gestion et l'indemnisation des pensionnaires.
Dans une moindre mesure la caisse de la SEITA, la Société d'exploitation industrielle des tabacs et des allumettes, l'ancien producteur public de tabac, compte encoreenviron9.400 retraités, pour lesquels l’État verse un peu plus de 160 millions d'euros.