Ces incivilités qui pourrissent l’ambiance au travail

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et Carole Ferry
Le cabinet de prévention Eleas a réalisé un sondage sur les incivilités au travail : open space et smartphones sont sources de conflits.

La vie en entreprise n’est pas toujours un long fleuve tranquille mais certaines incivilités la rendent encore plus difficile. Le cabinet de prévention Eleas, spécialisé dans le suivi de la qualité de vie au travail, a donc mené l’enquête pour savoir quelles étaient les principales sources d’incivilités. Travail en open space et utilisation excessive du smartphone sont pointés du doigt.

42% des salariés s’estiment victimes d’incivilités. Manque de courtoisie, irrespect de la personne, violences verbales voire physiques : près d'un salarié sur deux (42%) est fortement exposé aux incivilités sur son lieu de travail, selon un sondage réalisé par internet du 7 au 16 septembre auprès d'un millier de travailleurs par l'institut Ginger, un an et demi après la première étude commanditée par Eleas.

L’open space, première source de conflits. Parmi les résultats marquants, 58% des salariés interrogés constatent que le travail en open space favorise les incivilités, "une perception identique, quel que soit le secteur d'activité, la taille de l'entreprise ou l'âge des salariés". "Parler fort, interrompre, une fois ne pose pas de problème en soi, mais dans une logique de répétition, cela détériore le climat relationnel et peut être vécu comme un déni de la personne qui souffre de ces comportements", analyse Xavier Alas Luquetas, président-fondateur d'Eleas.

Le smartphone, l’autre menace pour la vie en entreprise. L'utilisation du téléphone portable en réunion est l’autre source principale de problèmes : près de 40% des salariés se disent agacés par ce comportement. Pourtant, la plupart des salariés en sont conscient, comme c’est le cas chez PriceMinister. Lors des deux heures de réunion hebdomadaire dans le bureau du président Olivier Mathiot, ordinateurs portables et tablettes sont interdits. Mais pas le téléphone portable, ce qui peut poser problème, comme le reconnaît le patron... lui-même souvent scotché à son appareil.

"Vous êtes dur mais c’est vrai, parfois je suis un mauvais exemple : je suis addict, comme on dit en américain, à la connexion. J’ai du mal à imaginer tous les emails que j’ai en retard, donc à faire une pause. Je reconnais qu’à titre personnel, je dois travailler sur moi-même", témoigne Olivier Mathiot.

Car regarder son téléphone en permanence nuit au travail en équipe, comme le pointent deux collaboratrices de l’entreprise. "Quand je vois les personnes avec leur téléphone, je me dis que ce que je leur raconte ne les intéresse pas. Cela touche donc à tout, même à la confiance", regrette Alexia. "Moi, cela m’agace profondément : si on fait une réunion, c’est pour être ensemble et parler d’un sujet commun à un instant T. Et si à ce moment-là quelqu’un lit ses emails… on l’a perdu", renchérit Christine.

Les différences d’âge n’arrangent rien. Pour 55% des sondés, "les comportements incivils sont liés à l'âge", une opinion constante quel que soit l'âge de la personne interrogée. Même si ce sont surtout les plus âgés qui considèrent les plus jeunes générations (16/34 ans) comme les "plus inciviles".

Dans le détail, les 20-34 ans se montrent plus affectés par des comportements qui constituent une atteinte au respect de la personne, tandis que les plus de 55 ans réagissent plus vivement à des atteintes aux règles sociales, notamment lorsque l'interlocuteur écrit des mails ou des SMS lors d'une réunion en face-à-face.

Des incivilités qui nuisent à la productivité. Si les entreprises commencent à s’empare de ce sujet, c’est parce que les incivilités ne sont pas bonnes pour les affaires : les travailleurs sont moins productifs et en moins bonne santé. Les incivilités sont en effet sources de démotivation (pour 67% des 20-34 ans et 59% pour les plus de 55 ans), contribuent à développer une mauvaise image de soi (pour 44% des 20-34 ans et 29% pour les plus de 55 ans). Sans oublier les crises de nerfs et les larmes au travail : c’est déjà arrivé à 34% des 20-34 ans et à 21% des travailleurs de plus de 55 ans.

Consciente de ce problème, certaines entreprises commencent à s’adapter. C’est ainsi que PriceMinister a décidé de mettre fin aux bruyants coups de téléphone dans son open space long de 122 mètres : des cabines ont été spécialement installés pour que chacun puisse s'isoler pour téléphoner.