Bouygues Telecom ne passera pas sous le contrôle d'Orange. Selon une information du Figaro, confirmée par nos sources, les deux groupes ont constaté vendredi l'échec des négociations entreprises depuis de longues semaines pour faire passer l'opérateur de télécommunications du groupe Bouygues sous contrôle de l'ancien monopole public. Selon les informations d'Europe 1, deux conseils d'administration étaient convoqués vendredi soir par chacun des groupes pour acter l'échec de ces négociations.
"A l’issue de discussions approfondies, le Conseil d’Administration d’Orange a constaté qu’un accord en vue d’un rapprochement avec Bouygues Telecom n’a pu être trouvé", a ensuite confirmé l'ancienne entreprise publique dans un communiqué laconique. "Dans un marché où l'hypothèse d'une consolidation devient désormais durablement exclue, Bouygues Telecom poursuivra sa stratégie stand alone", assure de son côté le groupe Bouygues.
Intervention de Macron. Le ministre de l'Économie Emmanuel Macron était intervenu sur cette question dans la dernière ligne droite des négociations. Son objectif : défendre les intérêts de l'Etat, actionnaire à 23% d'Orange, en s'assurant que son poids ne soit pas dilué par l'intégration de Bouygues Telecom dans le capital de l'ancienne entreprise publique. De source proche du dossier, les conditions posées par l'actionnaire public ont finalement été jugées inacceptables par Martin Bouygues.
Autre difficulté : Free devait reprendre une partie du réseau de Bouygues Telecom, ses boutiques comme ses antennes. Mais les réseaux de Free et de Bouygues n'ont pas les mêmes constructeurs, ce qui créait une difficulté technique. Le fait que Free ait déjà un accord du même type avec SFR pouvait également posait un problème juridique. Enfin, l'ombre de l'Autorité de la concurrence planait sur cet accord, avec la possibilité de voir l'opération annulée dans 12 ou 18 mois, le temps d'étudier le dossier.
Un coup dur pour Bouygues... et SFR. La France conserve donc quatre opérateurs : Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free. En juin, SFR, avec Patrick Drahi, avait déjà essayé d'acheter Bouygues Telecom pour réduire le champ la concurrence. Martin Bouygues avait dit : "On ne peut pas tout acheter." Aujourd'hui, c'est au tour d'Orange de se casser les dents sur ce dossier.
Ce mariage avorté fait deux grands perdants : Bouygues Telecom, le plus petit opérateur français avec 15 millions de clients, dont seulement 3 millions dans l'Internet fixe, et SFR, deuxième opérateur français, qui espérait racheter des clients à Orange dans un jeu de billard à plusieurs bandes.
Combien coûte un client Bouygues Telecom racheté par ses concurrents ? 540 €. #E1matin
— François Geffrier (@FrancoisGeff) 31 mars 2016