EDF dans la tourmente. Coup de tonnerre chez EDF. Thomas Piquemal, son directeur financier a démissionné dimanche soir. Et lundi matin, son titre en Bourse, qui n’allait déjà pas très bien, dévisse encore. EDF perd, en effet, lundi midi 7% à la Bourse de Paris. Alors, le géant de l'électricité serait-il dans la tempête ? Ce scénario serait bien possible. En temps normal, la démission de Thomas Piquemal n’aurait pas fait autant de bruit mais elle montre, cette fois-ci, à quel point l’entreprise est dans une position fragile. Thomas Piquemal quitte en effet son poste de directeur financier car il considère qu’EDF n’a pas les reins suffisamment solides pour mener à bien un projet gigantesque : construire deux centrales nouvelle génération EPR en Angleterre.
Le projet de trop ? Ce projet pourrait finalement être, le projet de trop pour l’entreprise française. La construction des deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération est, en effet, estimée à 23 milliards d’euros. Les deux tiers de la facture vont être payés par EDF et le tiers restant par un partenaire chinois. Cela veut donc dire qu’EDF doit trouver 15 milliards d’euros pour financer ce projet. Or EDF vaut en ce moment en Bourse moins de 20 milliards d’euros, trop peu donc.
66 milliards d'euros de dettes. Thierry Gadault, rédacteur en chef du site hexagone.fr et auteur du livre EDF : la bombe a retardement ?, explique la situation du fleuron français : "quand j’ai écrit le livre en 2014, il était évident que c'était déjà une entreprise explosive que ce soit sur le vieillissement des centrales nucléaires françaises ou sur sa situation financière. Car le véritable montant de la dette d'EDF est de 66 milliards d’euros fin 2015". Toutefois, selon lui, "il n'y a aucun risque qu'EDF disparaisse" car, "on aura toujours besoin de produire de l’électricité. En revanche, EDF est en situation de quasi faillite, comme Areva. Quand on a 66 milliards d'euros de dettes, 100 milliards à financer dans les centrales françaises, 20 milliards à rajouter pour la Grande-Bretagne, on peut considérer qu’on est dans une très mauvaise situation", ajoute-t-il.
Quelle solution ? Alors finalement, face à cette situation dramatique, pour Thierry Gadault, il n'y a qu'une seule solution, "la seule possibilité pour alléger la facture serait qu’EDF récupère ses provisions pour le démantèlement des centrales. Il y aurait une trésorerie disponible de 20 à 25 milliards d’euros qu’on pourrait réaffecter pour désendetter l’entreprise", explique-t-il. Un petit coup de pouce qui ne viendrait toutefois pas compenser entièrement le gouffre financier dans lequel est EDF aujourd'hui. Car Thierry Gadault est formel, "si le directeur financier démissionne, cela montre vraiment que la situation est hors de contrôle et qu’il ne veut pas endosser cette responsabilité".