EDF prévoit de supprimer près de 4.000 postes sans licenciement entre 2016 et 2018, soit 5,8% des effectifs d'EDF SA, qui en compte un peu moins de 70.000. Si des suppressions de postes étaient prévues, elles étaient censées être deux fois moins nombreuses d'après les syndicats.
Environ 4.000 postes supprimés... Le nombre de postes concernés doit être encore précisé : les syndicats parlent de "4.000 à 5.000" suppressions de postes, tandis qu'une source proche du dossier parle de moins de 4.000 suppressions entre 2016 et 2018.
...mais aucun licenciement. EDF ne devrait pas procéder à des licenciements mais à des non-remplacements de départ à la retraite, qui sont actuellement très nombreux, ou à des départs volontaires. Car EDF est une entreprise particulière qui s'est beaucoup développée en même temps que la génération du baby-boom accédait au marché du travail. Cette dernière est donc très représentée au sein de l'entreprise et elle est en train d'arriver à l'âge de la retraite. Ce qui permet d'éviter les licenciements secs.
Deux fois plus que prévu ? Si la direction et les syndicats sont d'accord sur le procédé, le nombre de suppressions de postes les divise. Pour les syndicats, cette annonce est problématique car, jusqu'à présent, il était question de supprimer "1.500 à 2.000 postes", un chiffre qui a donc doublé depuis décembre 2015.
Les avocats d'une telle réduction d'effectifs avancent un autre argument. EDF SA a beaucoup recruté entre fin 2010 et 2014, environ 6.000 personnes par an, ce qui représente une hausse des effectifs de 9%. Objectif de la manœuvre : embaucher une nouvelle génération d'employés tout en conservant les plus anciens, le temps que ces derniers transmettent leurs compétences aux nouveaux arrivés. Cette transition terminée, cela expliquerait l'ampleur des suppressions de postes. Et cela ne devrait pas empêcher de nouveaux recrutements, de l'ordre de 1.000 par an d'ici 2018.
Pas le bon moment pour les syndicats. Toutes ces questions doivent être abordées lors du prochain comité central d'entreprise, prévu le 27 janvier prochain. Mais pour les organisations syndicales, ce plan intervient "au plus mauvais moment", alors qu'EDF doit faire face à une concurrence de plus en plus pressante et gérer le problématique vieillissement de son parc nucléaire. Sans oublier un événement aussi symbolique que stratégique : la sortie d'EDF du CAC 40 début décembre. Dans ce contexte, les élus du CCE d'EDF SA avaient déclenché un droit d'alerte - une première dans l'entreprise - devant la situation "économique et sociale préoccupante" de l'énergéticien. D'autant qu'EDF pourrait, pour regagner des marges de manœuvre, céder ses parts dans le parc nucléaire britannique et dans des centrales américaines pour dégager six milliards d'euros et atteindre ainsi son objectif de rentabilité.