L’affaire Volkswagen est passée par là. Le gouvernement a décidé mercredi de commencer dès l'an prochain à supprimer l'avantage fiscal dont bénéficie le gazole par rapport à l'essence. Matignon a ainsi annoncé "le principe d'un rapprochement en 5 ans entre le prix du gazole et celui de l'essence" pour mettre fin à la "diésélisation massive" du parc automobile français. Concrètement, la taxation du gazole augmentera d'un centime par litre dès l'an prochain, puis une nouvelle hausse d'un centime aura lieu en 2017, tandis que celle de l'essence sera réduite du même montant pendant la même période. Un virage fiscal qui va faire des perdants mais aussi des gagnants.
Pour les particuliers. Ceux qui roulent au diesel vont subir une augmentation du prix à la pompe, et ils sont nombreux : plus de 60% des automobilistes français roulent au diesel. Ils doivent s’attendre à une hausse d’un centime par litre en 2016 et autant en 2017. Ceux qui roulent à l’essence vont en revanche bénéficier d’une baisse équivalente.
Pour les entreprises. L’impact sera encore plus important pour les entreprises, puisque leurs véhicules roulent presque exclusivement au diesel. Et pour cause : un plein de diesel pour une voiture moyenne de 60 litres coûte 12 euros de moins qu'un plein d'essence.
Pour l’Etat. Le diesel représente aujourd'hui 80% des ventes de carburant en France. En augmentant les taxes sur le diesel et en baissant celles sur l'essence, l'Etat va donc encaisser plus de taxes, un gain estimé à 245 millions d'euros par an, selon les calculs de Bercy. Une cagnotte dont on connaît déjà l’utilisation : elle va permettre de baisser la fiscalité locale pour les retraités modestes, un amendement ayant été voté en ce sens mercredi soir à l'Assemblée. Concrètement, cet argent doit permettre de relever le revenu fiscal de référence à partir duquel un particulier doit s’acquitter de la taxe d’habitation et de la taxe foncière. Ce seuil relevé, de nombreux retraités devraient ne plus être assujettis à ces taxes. L'amendement adopté mercredi a également pour objectif de faire en sorte que les ménages modestes paient une taxe d'habitation en rapport avec leurs revenus afin qu'elle ne dépasse pas un certain pourcentage.
Pour les constructeurs. Pour Renault, on n'est pas du tout dans une logique d'après-diesel. Même son de cloche chez PSA, pour qui le tout essence n'est pas encore d'actualité. Malgré tout, le mouvement est déjà enclenché puisque les ventes de véhicules diesel reculent depuis deux ans : en un an, les ventes de modèle diesel ont reculé de plus de 6 points et le mouvement s’est amplifié ces derniers mois. D’ailleurs, la plupart des voitures d'entrée de gamme ne proposent plus ou presque plus de motorisation diesel. Ainsi, la nouvelle Twingo n'existe qu'en version essence. Le marché devrait donc continuer à se scinder en deux : des petites voitures essences et des plus grosses essences et diesel. Car même si les taxes devaient être harmonisées et qu’une voiture neuve roulant au diesel est plus chère, les gros rouleurs auront encore intérêt à privilégier le diesel puisque ce type de motorisation consomme moins que son homologue essence.
Mais cette mutation n’est pas anodine pour les constructeurs français, champions du diesel avec leurs homologues allemands : passer au tout essence nécessite d’adapter toutes les usines. Renault estime ainsi qu’adapter par exemple l'usine de Cléon en Seine-Maritime, qui fabrique aujourd’hui 99% de véhicules diesel, coûterait de 20 à 50 millions d'euros.