S’il accède au pouvoir, le Rassemblement national (RN) ne rétablira pas l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), supprimé par Emmanuel Macron en 2018. Le parti de Jordan Bardella veut transformer l’actuel impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui a rapporté deux milliards d’euros l’an dernier, en impôt sur la fortune financière (IFF). Ce qui consiste à déplacer la cible vers le patrimoine financier plutôt que l’immobilier. Si le RN gagne les élections, à quoi ressemblera ce nouvel impôt ? On fait le point.
Avec l'IFF, les actifs financiers seraient ciblés
Pour construire son IFF, le Rassemblement national va conserver le barème et le seuil de l'IFI, qui vise les patrimoines immobiliers au-delà d'1,3 million d’euros, soit moins d'1% des ménages.
Ce qui changerait avec l’IFF, c’est la cible. La résidence principale et les actifs professionnels seraient exclus du champ de l’impôt. En revanche, les actifs financiers comme les actions seraient ciblés. Une mesure de patriotisme économique, estime le député Jean-Philippe Tanguy, député RN : "L'IFI frappe ceux qui ont choisi d’investir sur le territoire français et dédouane ceux qui ont une fortune financière, pas forcément investie sur le territoire national. Nous voulions inverser la logique, encourager des comportements vertueux d’investissement dans l’économie réelle plutôt que la spéculation."
Une mesure qui "découragerait l'investissement", estime une économiste
Pour l’économiste Anne-Sophie Alsif, l'IFF sera contre-productif. "Dès que vous avez une action, vous avez quand même une entité, une entreprise derrière. Qui va être pénalisé ? Ce sont souvent les petites et moyennes entreprises, car très peu d'épargne va vers le financement de ce type d’entreprise, en faisant cela, vous allez décourager l’investissement...", glisse-t-elle.
L'institut Montaigne estime le rendement potentiel de cet IFF entre 3 et 4,5 milliards d'euros par an. Un peu plus que l'actuel IFI qui rapporte environ deux milliards d’euros par an, mais moins que l'ISF dont le rendement a parfois dépassé la barre des cinq milliards d’euros.