"Maintenant ça passe ou ça casse", disait mardi l'une des partis prenantes. Martin Bouygues et Stéphane Richard n'ont en effet plus que deux jours pour trouver un accord pour la cession de Bouygues Telecom s'ils veulent respecter leur date butoir fixée au 31 mars. Et les choses vont s'accélérer mercredi avec la convocation, selon nos informations, d'un conseil d'administration chez Orange à 17 heures. Il devra se prononcer sur ce rapprochement. Du côté de Bouygues aussi un conseil d'administration est prévu, mais pas encore convoqué officiellement nous explique-t-on. Il devrait toutefois avoir lieu mercredi soir.
Free multipliera par 12 son nombre de boutiques.Après trois mois de discussions, les deux opérateurs touchent au but. Les discussions avec Free et SFR, qui doivent reprendre une partie des actifs de Bouygues Telecom pour éviter que le dossier ne soit bloqué par l'Autorité de la concurrence sont également proche de la fin. Pour autant, le mariage n'est pas encore certain et "aucun accord n'est signé", annonçait un proche du dossier mardi soir. Un point-clé des négociations semble toutefois réglé, celui des boutiques de Bouygues Télécom. Alors que personne ne voulait des 550 boutiques que compte Bouygues, elle devrait, selon nos informations, être finalement reprises par Free. En cas, bien sûr, d'accord final entre Orange et Bouygues.
Une véritable surprise. Le modèle-même de Free est en effet de se passer de magasins et de privilégier le service client sur internet, une solution pour faire baisser les coûts. Aujourd’hui, Free n’a que 51 boutiques en France, et cela ne fait que 5 ans qu'il a commencé à en ouvrir. Si l’opération avec Orange allait jusqu’au bout, Free passerait donc d’un coup à 600 boutiques, soit une multiplication par douze de son nombre de magasins.
Un enjeu social. L’enjeu de cette reprise est aussi social : avec les boutiques, il y a des salariés. Selon nos informations, Free en reprendrait environ 2.000, ce qui le ferait changer de taille. Free emploie aujourd’hui 6.000 personnes en France et passerait donc à 8.000. Un gros effort de la part de l'opérateur, mais un effort nécessaire, c’est tout simplement le prix à payer pour que le secteur des télécoms en France repasse à trois opérateurs, ce dont Free, Orange et SFR ont très envie. Il y a quelques semaines, Stéphane Richard avait répété qu'il s'agirait d'"une opération socialement irréprochable".
Problème de valorisation. Parmi les sujets qui posent encore problème, celui des valorisations de Bouygues Telecom et d'Orange. L'opérateur souhaiterait en effet se vendre pour 10 milliards - le montant de l'offre fait par SFR en juin 2015 - quand il ne vaut, selon les comptes de Bouygues, que 6 milliards. Le problème est le même avec Orange, dont Bouygues devrait prendre 12%, et dont la valorisation des 12% reste un sujet sensible. "Faut-il valoriser au cours actuel de l'action ? Au cours de l'action moyen sur une période donné ?", s'interrogeait hier encore un connaisseur du dossier. Après des négociations toute la nuit, les discussions vont se poursuivre encore mercredi.