"Gilets jaunes" : en Provence, des pénuries dans les supermarchés et des agriculteurs contraints de jeter

  • Copié
Nathalie Chevance, édité par Anaïs Huet , modifié à
Dans la région d'Avignon, à la pointe de la contestation des "gilets jaunes", les barrages sur les grands axes entraînent de gros problèmes d'approvisionnement, notamment pour les denrées périssables.
REPORTAGE

Des rayons clairsemés et des produits qui commencent à manquer. Dans certains supermarchés de la région d'Avignon, les livraisons arrivent au compte-goutte, et notamment celles de fruits et légumes. En cause : les blocages des principaux axes routiers par les "gilets jaunes" depuis près d'une semaine, qui empêchent l'acheminement des produits.

"Je suis obligé de jeter toutes les tomates". Pour les agriculteurs et producteurs, le coup est rude. Certains essuient jusqu'à 30.000 euros de pertes par jour. Julien Pérèze, maraîcher, se retrouve avec toute sa cargaison de tomates, salades et épinards sur les bras. "Pour moi, c'est catastrophique. Mon activité est complètement à l'arrêt en fin de saison, au moment-même où je dois vendre toute ma production. Je suis obligé de jeter toutes les tomates, d'arracher les plants", regrette-t-il au micro d'Europe 1.

>> De 7h à 9h, c'est deux heures d'info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

L'agriculteur déplore déjà 30% de pertes et s'agace : "J'ai des clients qui veulent avoir mes produits et je n'arrive pas à les mener à destination. Les camions restent bloqués aux barrages, les produits pourrissent sur place… Je ne vais pas me tirer une balle dans le pied."

"Toute la filière est bloquée". "Tout est bloqué : la production, la négoce, la logistique, la distribution…", peste de son côté Jérémie Becciu, directeur du MIN, le marché de gros de Châteaurenard qui alimente toute la région, notamment en salades. "Normalement, on produit entre 1,5 et 2 millions de têtes de salades par jour à l'approche de la fin d'année. Là, on est à 300.000 têtes. Derrière, c'est toute la filière qui est bloquée." 

"Dans l'expectative de ce qui va se passer ce weekend". Pour lui comme pour les autres acteurs du secteur, la journée de mobilisation de samedi pourrait changer la donne. Les "gilets jaunes" prévoient de cibler l'Etat plutôt que de bloquer particuliers et entreprises. "Tout le monde est dans l'expectative de ce qui va se passer ce week-end", glisse Jérémie Becciu, qui espère que les camions pourront très vite circuler de nouveau.