Se dirige-t-on vers une affaire Madoff "à la française" ? Selon une enquête du JDD, publiée dimanche, le groupe Maranatha, cinquième chaîne hôtelière française et fondé par un Marseillais, est touché par une grave crise de liquidités... au point que ses nombreux investisseurs craignent de ne jamais récupérer leur mise de départ.
- Quel est le problème de ce groupe ?
D'après le JDD, Maranatha (qui signifierait "état d'esprit" en araméen), détient soixante hôtels, dont Le La Pérouse, à Nice, ou Le Pont-Royal, à Paris financés par pas moins de 6.000 investisseurs à hauteur de 700 millions d'euros. Les parts du groupe auraient été vendus par son fondateur, Olivier Carvin, comme des produits financiers. Mais la chaîne a été mise en redressement judiciaire en septembre. "Olivier Carvin se bat désormais pour éviter une déconfiture ou une cession en blocs ou à la découpe", écrit le Journal du Dimanche.
- Qui est impacté ?
En attendant, les conseillers de gestion en patrimoine, investisseurs et fonds souverains qui détiennent des parts du groupe ne peuvent pas récupérer leur mise, et craignent de ne jamais la revoir. "Les yeux dans les yeux, je vous regarde et vous dit : tous nos hôtels ont pris de la valeur", leur déclarait Olivier Carvin trois semaines avant de déposer le bilan. L'homme d'affaires estime la valeur de son groupe à 800 millions d'euros. Mais les investisseurs s'attendent à être "plus ou moins rincés" selon l'avocat Philip Pechayre, qui défend un collectif de 1.300 victimes potentielles. "Les sommes collectées n'étaient pas affectées aux investissements prévus et servaient à rembourser les épargnants qui voulaient sortir", avance-t-il. "C'est devenu une pyramide de Ponzi, il a fait du Madoff."
- Que sait-on du fondateur de Maranatha ?
Le Français, qui n'a pas répondu aux questions du JDD, était classé 208ème fortune française en 2017 selon Challenges. Mais sa société ne détient que... 3% des parts de Maranatha. Ancien expert comptable, l'homme a fait fortune en vendant des actifs à un maximum d'investisseurs. "Olivier disait toujours que son vrai métier était de vendre des produits financiers", lâche l'un de ses anciens associés. "Il n'a rien du flambeur latin, malgré son côté grand gaillard ténébreux et sa Porsche", indique une autre "connaissance".
- Que peut-il se passer maintenant ?
Selon le Journal du Dimanche, 25 offres préliminaires de reprise ont été déposées pour Maranatha, émanant de groupes français et américains notamment, rassurés par la reprise du secteur du tourisme, un temps freiné par le contexte terroriste. Mais l'offre la plus généreuse ne s'établit qu'à 530 millions d'euros. Et pourrait ne pas aboutir si d'autres éléments venaient à faire surface : la brigade financière de Marseille a ouvert une enquête sur la chaîne hôtelière, pour escroquerie.