La France dépense l'équivalent de ce que coûte un airbus A320 tous les jours pour importer de l'électricité. 1:15
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Baptiste Morin , modifié à
Face à une production nucléaire et renouvelable plus faible que les années précédentes, la France doit importer massivement de l'électricité des pays alentours. Mais, avec un prix du mégawatt-heure qui s'est envolé depuis le début du conflit ukrainien, cette dépendance aux réseaux électriques voisins coûte cher à la France.

Une faible production nucléaire, un anticyclone privant les capacités éoliennes françaises de vent et des températures en baisse. Voici les ingrédients parfait pour mettre le réseau électrique français en difficulté. Pour l’heure, EcoWatt, l'application qui permet de garder un oeil sur l'équilibre entre l'offre et la demande, n’a pas viré à l’orange ou au rouge. C’est en grande partie grâce aux importations d’électricité.

Mais cette situation exceptionnelle a un prix. Pour assurer la consommation électrique des Français ce lundi, l'Hexagone a importé en moyenne 10.000 MW par heure et le mégawatt-heure (MWh) s’est vendu 450 euros environ. Sur une journée pareille, nous avons donc dépensé entre 80 et 120 millions d’euros, soit le prix d’un Airbus A320. "Les ordres de grandeur sont absolument gigantesques", commente Emeric de Vigan, vice-président chargé des marchés électricité chez Kpler. "Cela montre le coût aujourd’hui de nos réacteurs à l’arrêt pour aléa ou pour maintenance", explique-t-il au micro d'Europe 1.

Des importations financées par la dette

Voilà qui donne une idée claire de la situation actuelle, inédite pour la France, qui grâce à son parc nucléaire, était jusqu'à présent, largement exportatrice y compris en hiver. Désormais, les importations d’aujourd’hui sont financées par l’endettement de l’État. "Tout cela va aller grossir la dette publique, donc évidemment c’est un sujet de préoccupation", conclue le professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine Patrice Geoffron. Selon la douane, entre novembre 2021 et octobre 2022, l’électricité représentait un déficit de plus de 7 milliards d’euros. C’est quasiment le coût d’un des futurs réacteurs nouvelle génération.