La méthode radicale de la Chine pour doper l’automobile électrique

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G.V. avec Laure Dautriche
Pour orienter les consommateurs, la loi limite drastiquement le nombre d’immatriculations… sauf pour les modèles électriques.

La Chine a longtemps fait passer le développement économique avant l’environnement, devenant ainsi le premier pollueur de la planète. Mais les temps changent : selon le ministère chinois de l’environnement, 90 % des villes chinoises dépassent les seuils de pollution considérés comme sans risques par l’OMS. Et la population s’en émeut de plus en plus, poussant le gouvernement à agir. Ce dernier a donc décidé d’agir et mis au point une méthode redoutable : pour inciter à rouler électrique, la loi rend la vie impossible aux acheteurs de voitures classiques.

Une loterie pour obtenir une immatriculation. Pour faire baisser la pollution, les autorités ont en effet pris des mesures pour limiter le nombre de voitures à Pékin. Et elles sont pour le moins radicales : tous les deux mois, une loterie est organisée sur internet pour décider quelles nouvelles plaques d’immatriculation vont être autorisées. Seule une personne sur 130 en obtient une, si bien que certains attendent parfois des années avant d’obtenir le précieux sésame.

Un système très restrictif, sauf pour un certain type de motorisation : les voitures électriques. Depuis le 27 octobre 2015, ces dernières obtiennent systématiquement une plaque d’immatriculation et les automobilistes chinois l’ont bien compris : les ventes de modèles électriques explosent depuis quelques jours.

Ruée sur les modèles électriques. Les ventes de modèles électriques ont en effet bondi de 300% cette année et le gouvernement chinois souhaite devenir le leader mondial sur ce secteur. Mais pour l’instant, le secteur automobile est dépassé par la demande. La concession qu’Europe 1 a visité, dans le nord de Pékin, n’échappe pas à la règle : lorsqu’un client demande une voiture électrique, on lui répond qu’il faudra patienter au moins de 25 jours. Un délai bien plus long que pour les autres motorisations et pour cause : "on en vend plusieurs dizaines par jour depuis ce week-end et on a demandé à nos usines à Pékin d’accélérer la cadence pour nous livrer 3.000 voitures ce mois-ci".

Des bornes de recharges devenues trop rares. Madame Li, chef d’entreprise, fait partie de ces nouveaux adeptes de l’automobile électrique, avant tout par pragmatisme. "Cela fait deux ans que j’attends d’obtenir une plaque d’immatriculation avec le tirage au sort. Alors là, je suis bien contente !", assure-t-elle. Outre le fait de pouvoir enfin rouler, les avantages sont à ses yeux nombreux : "c’est mieux pour l’environnement, on respire tellement mal à Pékin. Et puis je n’ai plus à payer l’essence maintenant ! A vrai dire, je m’inquiète un peu pour la batterie, parce qu’il y a beaucoup d’embouteillages ici et on m’a dit qu’on pouvait seulement rouler pendant 3 heures avant de devoir recharger les batteries".

En effet, Pékin ne compte que 3.000 bornes de recharges de batteries. Le gouvernement a donc prévu d’en installer d’autres, une entreprise française spécialisée dans ce domaine va d’ailleurs bientôt en fabriquer pour la Chine.