La SNCF envisage de confier l'entretien de certaines "petites lignes" à des partenaires privés, ce qui permettrait de "faire baisser les coûts", a indiqué vendredi le PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet. "On va le proposer sur une dizaine de lignes, qui sont des lignes en antenne", des culs-de-sac, pour les régions qui le souhaitent, a-t-il indiqué dans un entretien à l'AFP. "Ça sera un contrat, sans doute, entre SNCF Réseau - puisqu'on est propriétaire du réseau d'intérêt national, donc ça sera à nous de contractualiser -, mais on le fera de façon transparente avec les régions, qui seront au comité d'évaluation", a-t-il précisé.
Certains exécutifs régionaux - responsables du sort des petites lignes - ont en effet demandé à la SNCF de pouvoir confier la rénovation ou l'entretien de certaines lignes à des partenaires privés, réputés moins onéreux. D'où ce "test". "En toute transparence avec les régions, on fait un appel d'offres dans lequel on choisit un consortium ou un industriel qui va nous faire à la fois la maintenance et l'exploitation de l'infrastructure", a expliqué Patrick Jeantet.
"On pense que ça peut baisser les coûts". L'idée est donc d'associer les régions aux comités d'évaluation de ces appels d'offres, pour choisir au cas par cas des "gestionnaires d'infrastructures conventionnés". "On retiendra celui qui a la meilleure offre qualité/prix", a poursuivi le responsable, rappelant que la SNCF le fait déjà pour les lignes terminales de la desserte fret. "Et là, on aura un vrai prix de marché, et on pense que ça peut baisser les coûts", a relevé Patrick Jeantet.
Des acteurs qui pourraient "faire la différence" sur les petites lignes. Il estime en effet que des acteurs extérieurs peuvent faire la différence sur ces petites lignes, car leurs agents seraient plus polyvalents, là où les règles de la SNCF sont plus pesantes. "En réalité, un des sujets sur ces petites lignes, c'est là où la polyvalence joue beaucoup. C'est là où le fait aujourd'hui que l'on soit peu polyvalent handicape", a reconnu le patron de SNCF Réseau, qui estime que ce différentiel de compétitivité s'estompe pour les plus grandes lignes.
Une phase de test. Interrogé sur les menaces immortalisées par le film de Ken Loach The Navigator (2001), qui décrivait le dumping social, la déshumanisation et les absurdités qui ont accompagné la privatisation du réseau britannique, Patrick Jeantet reste prudent: "On verra. C'est pour ça que je propose de commencer par une dizaine de petites lignes en antenne, pour justement tester." "En montant absolu, ça va être peu de choses par rapport aux 350 millions d'euros investis dans les petites lignes" l'an prochain, a-t-il noté. SNCF Réseau a présenté aux élus un "kit méthodologique" présentant une cinquantaine de solutions pour essayer de "faire baisser les coûts".
CGT et SUD affirment que cela coûtera "plus cher"
Les syndicats CGT et SUD de la SNCF ont critiqué vendredi le projet de la direction de confier à des entreprises privées l'entretien de certaines petites lignes, la CGT affirmant que cela coûtera "plus cher", SUD dénonçant de futures suppressions de postes. Mais pour la CGT, "il n'y a pas d'économies à attendre de la sous-traitance qui coûte plus cher que les cheminots sur toutes les tâches qui leur sont confiées, sauf s'ils ne réalisent pas la maintenance prévue". "Dans ce cas, il ne s'agit pas seulement d'une sous-traitance mais d'un abaissement du niveau de sécurité", soit "deux orientations néfastes", a déclaré le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun. Ce projet "confirme que l'État ne met pas les moyens pour le maintien des petites lignes comme l'avait pourtant promis la ministre" des Transports, Élisabeth Borne, a ajouté le responsable du premier syndicat de la SNCF. Avec ce projet, a estimé SUD-Rail, "le président de SNCF Réseau démontre que son objectif est bien de supprimer l'emploi et de faire entrer le moins-disant social dans la gestion, la maintenance et la réparation des voies".