Face à l'ampleur du scandale, Lactalis s’est lancé dans une opération transparence, après l'interview accordée par son très discret patron, Emmanuel Besnier, au Journal du dimanche. Mais il reste encore plusieurs zones d'ombre. À commencer par les comptes de l'entreprise qui ne sont toujours pas publiés malgré l'obligation faite par la loi, le groupe préférant payer des amendes.
Une lourde pénalité. Et pourtant le gouvernement précédant l'avait assuré : la loi Sapin 2 devait tout changer. Avec des sanctions plus lourdes pour les groupes agroalimentaires ne respectant pas leurs obligations, puisque d'une amende de 1.500 euros, on est passé à une pénalité de 2% du chiffre d'affaires par jour de retard. En mars dernier, une plainte est déposée devant les tribunaux de commerce de Laval et de Rennes pour obtenir la publication des comptes de Lactalis. À la manœuvre, l'observatoire des prix et des marges qui dépend de Bercy et du ministère de l'Agriculture, qui a le pouvoir d'activer la loi Sapin 2.
L'embarras de la justice. Mais depuis, le dossier est resté en bas de la pile. Selon nos informations, les tribunaux se sont renvoyés la balle. Celui de Laval expliquant que l'un de ses juges est aussi salarié de Lactalis, et qu'il y a donc conflit d'intérêt. Celui de Rennes refuse de son côté de se pencher sur un dossier rejeté par Laval. À Bercy on ne va pas plus loin, c'est maintenant à la justice de se prononcer, nous dit-on. Une situation dont profite en tout cas Lactalis, qui n'a, une nouvelle fois, pas publié ses comptes au 31 décembre 2017.
Contacté par Europe 1, le groupe explique que l'administration fiscale a connaissance de ses comptes et que pour le reste, une action juridique est en cours.