Chaque journée apporte son lot de mauvaises nouvelles pour Volkswagen. Mercredi, la démission du Pdg du groupe automobile était suivie d'une polémique sur sa retraite-chapeau. Jeudi, l'Union européenne demandait à chaque Etat de lancer des enquête. Une série noire qui s'est poursuivie vendredi, entre les nouvelles révélations venues d'Allemagne et l'ouverture de nouvelles enquêtes sur ce que l'entreprise appelle "un désastre moral et politique".
Les trois informations de la journée à retenir :
• Le groupe automobile a nommé un nouveau Pdg: Matthias Müller
• 2,8 millions de véhicules en circulation en Allemagne seraient concernés par la fraude
• La Norvège a rejoint la longue liste des pays ayant ouvert une enquête
Le géant allemand a un nouveau patron. Martin Winterkorn parti, Volkswagen devait rapidement trouver un nouveau dirigeant pour tourner la page et fixer un nouveau cap. C'est désormais chose faite : sans surprise, c'est Matthias Müller qui a été choisi. Agé de 62 ans, il est l'actuel chef de la marque de luxe Porsche (son portrait ici). Réunis vendredi au siège de Wolfsburg, les vingt membres du conseil de surveillance du constructeur ont également entériné le départ de l'ex-Pdg.
Volkswagen pointe du doigt "un petit groupe de personnes". Le nouveau patron à peine nommé, le comité d'entreprise a décidé de reprendre la main en se montrant proactif : ce dernier a déclaré qu'un "petit groupe de personnes" était responsable de la fraude aux tests antipollution. Une affaire qualifiée de "désastre moral et politique".
L'Allemagne découvre l'ampleur du scandale. Volkswagen est un tel symbole du Made in Germany que le gouvernement a décidé de faire toute la lumière sur ces véhicules diesel équipés d'un logiciel fraudeur pour dissimuler les émissions réelles de gaz polluants, principalement des microparticules. Un début d'opération transparence qui révèle déjà l'ampleur de l'affaire : outre Volkswagen, Audi serait aussi concerné. Et le gouvernement allemand soupçonne que le scandale concerne également les autres marques du groupe (Skoda, Seat et Porsche principalement, voire Bentley, Bugatti et Lamborghini).
Le ministre des Transports a également déclaré aux députés allemand que 2,8 millions de véhicules seraient concernés pour la seule Allemagne, sur un total de 11 millions. De plus, le scandale ne se limiterait pas aux seules véhicules particuliers mais aussi aux utilitaires légers.
Les enquêtes se multiplient. Signe que cette affaire est prise très au sérieux, de nouveaux Etats ont lancé des enquêtes. C'est le cas de la Norvège et de l'Inde. "Nous voulons savoir si ce qui s'est passé aux Etats-Unis peut se produire en Inde ou pas", a déclaré un responsable du gouvernement indien.
Mais Volkswagen pourrait bientôt ne plus être seul dans son malheur : les Etats-Unis ont annoncé vendredi le renforcement de leurs contrôles sur tous les modèles diesel. "Les technologies évoluent et nous devons nous adapter", a déclaré Christopher Grundler, un des responsables de l'agence environnementale américaine (EPA), avant d'ajouter : "nous développons une nouvelle approche et de nouveaux tests". En attendant, l'agence a déjà commencé à ausculter des modèles diesel de toutes les marques pour vérifier si d'autres logiciels truqueurs n'ont pas été utilisés. la France va faire de même : invitée d'Europe 1 vendredi matin, la ministre Ségolène Royal a annoncé des "tests aléatoires" dès la semaine prochaine.
L'action Volkswagen rechute en Bourse. Après avoir déjà perdu 35% en début de semaine, l'action du groupe s'était légèrement redressé mercredi et jeudi. Peine perdu : elle a à nouveau perdu 4,32% vendredi alors que le principal indice de la Bourse de Francfort bondissait dans le même temps de 2,77%.
La Suisse suspend les ventes de modèles suspects. D'autre part, les autorités suisses ont annoncé vendredi soir qu'elles suspendaient la vente de nouveaux modèles Volkswagen diesel potentiellement équipés de moteurs truqués, capables de fausser les tests antipollution. L'interdiction ne concerne pas les voitures déjà mises en circulation. Il s'agit du premier pays à décider d'une telle mesure depuis que le scandale a éclaté aux Etats-Unis la semaine dernière.