L’info. L’Etat français a commencé à se serrer la ceinture et certains en font les frais. C’est notamment le cas du Centre des monuments nationaux qui voit son budget baisser. Mais le député apparenté UMP François de Mazières a une solution : créer un tirage spécial du Loto à l'occasion des journées du patrimoine, dont les bénéfices seraient affectés à la préservation de monuments classés.
Une idée qui a séduit l'Assemblée nationale, puisque les élus ont adopté l’amendement déposé par le député-maire de Versailles. Le gouvernement est, lui, historiquement opposé à un tel financement mais en ces temps d’austérité, il ne s’interdit rien : un rapport sur la question sera rédigé d’ici le 1er mars 2015. En attendant, Europe1.fr pèse le pour et le contre.
Oui, car l’argent manque. Le budget affecté à la préservation du patrimoine est en baisse : il devrait avoisiner les 327 millions d’euros en 2015, un chiffre en baisse de 50 millions d’euros par rapport à l’exercice 2013. Une telle initiative permettrait donc de limiter cette baisse continue du budget.
Oui, car ce serait un évènement gagnant-gagnant. Les journées du patrimoine sont un succès populaire : 12 millions de visiteurs ont été comptabilisés en 2014. L’amendement parlementaire fait donc le pari que le patrimoine français suscite un véritable engouement et que les joueurs seraient au rendez-vous, surtout s’ils savent qu’une partie de leur mise servira à une bonne cause. Et que l’objectif premier, décrocher le gros lot, serait préservé.
Oui, car d’autres pays le font. Dernier argument mis en avant par François de Mazières : d’autres pays le font déjà, notamment l’Allemagne, l’Italie ou encore le Royaume-Uni. Outre-Manche, les jeux d’argent financent aussi la création cinématographique par exemple.
Pas sûr que cela ne suffise à compenser la réduction des budgets. En 2010, les Français ont misé en moyenne 72 millions d’euros par jour. Or la Française des jeux redistribue en moyenne 53% des mises pour un loto. Il ne resterait donc plus que 47%, dont il faut encore déduire la part des buralistes (5%) et celle de la Française des Jeux (près de 5%). Résultat, une cagnotte maximum de 26 millions à la fin... à condition que l’Etat renonce à sa part.
Non, car c’est l’une des missions de l’Etat. Depuis la Révolution, la préservation du patrimoine architectural fait partie des missions de l’Etat, ce qui explique que le recours au mécénat soit encore balbutiant en France. Organiser un loto spécial journées du patrimoine s’apparenterait donc à un aveu d’échec dans une mission quasi-régalienne.
Non, car les jeux d’argent sont une mine d’or pour l’Etat. Taxes, TVA, droit de timbre, impôts : l’Etat encadre très strictement les jeux d’argent et en retire beaucoup d’argent, 4,7 milliards d’euros en 2012. Voire même 5,5 milliards d'euros selon les calculs. Ponctionner une partie de cet argent pour l’affecter à la préservation du patrimoine ne serait donc qu’un jeu d’écriture : l’Etat redonnerait ce qu’il a pris par ailleurs et ne réaliserait alors pas ses objectifs de réductions des dépenses publiques. Mais le député-maire de Versailles a une solution : ajouter un tirage spécial pour les journées du patrimoine, ce qui ne réduirait pas les mises par ailleurs et génèrerait en fait des recettes supplémentaires.
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