Les trois offres de reprise de Tati et de trois autres enseignes d'Agora Distribution (groupe Eram) seront examinées lundi par le tribunal de commerce de Bobigny, qui mettra sa décision en délibéré. Le sort de plus de 1.700 emplois est en jeu.
Le tribunal étudie les offres lundi. La filiale du groupe Eram, le pôle Agora Distribution, qui regroupe les enseignes Tati, Fabio Lucci, Gigastore et Degrif'Mania (140 magasins au total), a été placée en redressement judiciaire le 4 mai, plongeant les employés dans l'inquiétude. Les repreneurs avaient jusqu'à mardi soir minuit pour déposer leur offre finale, qui a été améliorée, au tribunal de commerce de Bobigny.
Les sommes mises sur la table par les différents candidats seront également scrutées à la loupe : selon une autre source proche du dossier, les stocks de Tati "ont une valeur comptable de 100 millions d'euros" et "des fonds de commerce estimés par un expert à 30 millions d'euros".
Trois offres en concurrence. Premier à avoir communiqué fin avril son offre, qui prévoit le maintien de l'enseigne emblématique au vichy rose, le groupe Philippe Ginestet (GPG), du fondateur des magasins de déco Gifi, propose de reprendre 1.300 emplois directs, soit 76% des effectifs. S'y ajouterait la reprise des 250 salariés des magasins franchisés et affiliés du groupe, dont 180 dans ceux des DOM-TOM, ainsi que des reclassements chez Gifi. Le projet prévoit la reprise de 120 magasins, dont 93 détenus en propre et 27 franchisés.
Autre offre, celles des enseignes à bas prix Foir'Fouille, Centrakor, Stokomani, Maxi Bazar et Dépôt Bingo, réunies dans un consortium. Ces dernières proposent la reprise de "95 magasins et 1.258 emplois, dont 69 salariés du siège", selon une source proche du dossier. D'après la CGT, la proposition - marginale - de Dépôt Bingo "ne devrait pas être retenue" car déposée "hors délais". Troisième et dernier prétendant, l'enseigne Babou espère, elle, mettre la main sur six magasins Tati en région parisienne.
Deux offres assez proches. Le PDG de transition d'Agora Distribution, Michel Rességuier, a estimé mercredi que les deux principales offres, celles de GPG et du consortium, étaient "assez proches". "Il faut vérifier la cohérence de chacune [des offres, ndlr], que l'on évalue leur contenu, qu'on en apprécie le risque, la solidité, leur condition de mise en oeuvre", a-t-il déclaré.
Des propositions trop basses pour Lilnat. Les comités d'entreprise de Lilnat, Vetura et Agora, les trois sociétés qui constituent le pôle Agora Distribution, ont été consultés vendredi pour avis (consultatif). Celui de Lilnat, qui rassemble les magasins Tati et 1.300 des 1.700 salariés du pôle, a refusé de se prononcer sur les offres, les jugeant trop "basses", selon la CGT. Ses représentants demanderont lundi au tribunal un délai.
GPG, le "meilleur projet". En revanche, les CE de Vetura et Agora ont choisi GPG. "Pour nous, le meilleur projet" que ce soit "en termes d'emplois, de garanties et de continuité de l'entreprise" car il reprend "la globalité" de l'enseigne au vichy rose, explique Tahar Benslimani (CFDT). Maxi Bazar, l'une des cinq enseignes du consortium, propose de reprendre seulement "quelques magasins" sous enseigne Tati, ajoute-t-il, en estimant qu'elle n'a "pas la puissance de feu nécessaire pour faire repartir une marque".