Un sommet pour en parler. Si les femmes ont massivement intégré le marché du travail, elles sont encore loin des centres de décisions. Un constat qui sera au cœur de la la 24eme édition du Sommet mondial des femmes, que la ministre des femmes Najat Vallaud Belkacem doit inaugurer jeudi à Paris. Un millier de femmes politiques et de PDG y sont conviées pour débattre de parité. Et de ce point de point de vue, il reste du chemin.
La France veut équilibrer la direction de ses firmes. Les grandes entreprises ont à leur tête un conseil d’administration, une forme de comité des sages chargé de surveiller et de conseiller le PDG. Sauf que ces assemblées ont souvent privilégié l’entre-soi, les hommes d’affaires les plus influents se retrouvant dans de nombreux conseil d’administration.
Pour mettre fin à cette dérive, une loi adoptée en janvier 2011 stipule que les conseils d’administration des grandes entreprises doivent compter au moins 40% de femmes à partir de 2017.
Sur le papier, ça s’arrange mais… En 2009, seules quatre entreprises du CAC 40 comptaient plus de 20% de femmes dans leur conseil d’administration. Aujourd’hui, elles constituent 30% des conseils d’administration, soit deux fois plus qu’en 2014.
Mais cette embellie est en trompe-l’œil car, souvent, ce sont les mêmes femmes qui siègent dans plusieurs entreprises. L’ex-patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, siège ainsi dans le conseil de cinq entreprises du CAC 40.
Une liste pour "inspirer" le CAC 40. Puisque les grandes entreprises françaises ont du mal à féminiser leurs conseils d’administration, le gouvernement a décidé de leur venir en aide. Il a constitué une liste de 200 noms, 200 femmes qui ont les compétences pour briguer un mandat.
Cécile Bernheim en fait partie : cela fait un an qu'elle cherche à franchir les portes d'un conseil d'administration. Mais elle rencontre de nombreuses difficultés, malgré ses 30 ans d'expérience à des postes de direction dans plusieurs multinationales. "Quand on est une femme, c’est un vrai parcours du combattant que d’obtenir un mandat", témoigne-t-elle. "Les hommes se connaissent entre eux : c’est des cercles d’hommes, ils ont leurs habitudes, leurs moyens d’interagir entre eux, ils parlent de sport, de foot, de rugby. Les femmes ont d’autres intérêts, sont moins dans les cercles. Ce sont des choses que les femmes apprennent petit à petit".
Des places à prendre. Or, cet apprentissage social peut s’avérer très utile, tant il reste des places à saisir. Notamment dans certaines entreprises très en retard sur cette question et qui comptent moins de 20% de femmes dans leurs conseils d’administration. C’est notamment le cas chez EDF, Arcelor et surtout Airbus, qui compte une seul femme parmi ses 12 administrateurs. Et comme souvent, il s’agit d’Anne Lauvergeon.
ÉTUDE - Les femmes sont toujours sous-représentées en sciences
FORTUNE - Il y a de plus en plus de femmes milliardaires