L'info. La faillite de SeaFrance serait-elle en train de se transformer en success-story ? My Ferry Link, la Société coopérative ouvrière de production (Scop) née il y a un an de la faillite du transporteur maritime, en a en tout cas toutes les apparences. En un an, la nouvelle entreprise a conquis près de 10 % de parts de marché, dans le transport de poids lourds comme auprès des passagers. Le commandant Daniel, ancien de SeaFrance, se félicite de cette réussite au micro d'Europe 1 : "Créer une entreprise, dans la situation actuelle, ce n'est pas évident. Là, les gens sont très fiers de travailler et de naviguer ensemble".
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Eurotunnel, le sauveteur. La relance de l'activité n'a pourtant pas été de tout repos. Il a fallu d'abord trouver les fonds pour reprendre les bateaux. Une opération trop coûteuse pour la jeune Scop, qui a dû se trouver un partenaire. Chose inattendue, c'est Eurotunnel, pourtant concurrent sur le marché des liaisons France-Angleterre, qui est venu au secours de My Ferry Link. L'exploitant du tunnel sous la manche a ainsi racheté trois navires à SeaFrance avant de les proposer à la location à la coopérative.
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"Retrouver une crédibilité". Il a également fallu redorer l'image des marins de Calais, écornée par les grèves et les occupations de bateaux qui ont émaillé les derniers mois de SeaFrance. "Il fallait surtout démontrer que nous étions des gens sérieux, que le personnel puisse retrouver une crédibilité et démontrer sa compétence", détaille pour Europe 1 Jean-Michel Giguet, directeur général de la Scop. "De la compétence, il y en avait, mais il a fallu la canaliser", résume-t-il. Résultat, un an de dur labeur plus tard, le succès est au rendez-vous : les anciens salariés de SeaFrance ont repris le travail, d'autant plus motivés qu'ils détiennent désormais eux-mêmes les parts de l'entreprise, tandis que les clients affluent.
L'écueil britannique. Pour My Ferry Link, il reste encore un obstacle à surmonter : l'administration britannique, qui envisage d'interdire le port de Douvres à la flotte de la Scop. Le Royaume-Uni craint en effet qu'Eurotunnel, en louant les navires de l'entreprise, ne se retrouve dans une position archi-dominante dans les liaisons transmanches. Mais tout le monde côté Français, le ministre des Transports Frédéric Cuvilier en tête, semble prêt à se battre pour obtenir gain de cause, évitant ainsi la fin prématurée d'une belle aventure entrepreneuriale et, avec elle, la mise à mort de 600 emplois.