"Une approche pragmatique et adaptative" : Emmanuel Macron a précisé mardi ses intentions sur l'avenir du nucléaire en France. Alors que circulait jusqu'ici la date de 2022, les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim seront finalement fermés en 2020, a annoncé le chef de l'État. Douze autres réacteurs (sur 58) suivront d'ici 2035, dont quatre à six avant 2030, a-t-il précisé lors d'un discours donné devant des responsables politiques à l'Élysée.
Assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique. Durant la durée de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), la future programmation énergétique qui s'arrête à 2028, le gouvernement prévoit deux fermetures supplémentaires de réacteurs, et deux autres sous conditions, selon le détail des arbitrages de l'exécutif transmis par l'Elysée. Avec ce calendrier, qui devra être précisé par Matignon et le ministère de la Transition écologique, Emmanuel Macron a expliqué vouloir "prendre en compte la sécurité de notre approvisionnement" en électricité. "Il ne s'agit pas de fermer des centrales si c’est pour importer de l’énergie produite, parfois moins bien, à l’étranger", a maintenu le chef de l'État.
Le maire de Fessenheim reste dans "le flou". Claude Brender affirme n'avoir pour le moment reçu aucun élément consistant de la part d'EDF ou du gouvernement sur le devenir du site après sa fermeture: "On nous amuse mais on ne nous propose rien de concret", regrette-t-il.
"Ce n'est pas un président, quel qu'il soit, qui décide de la fermeture d'une centrale, il y a des lois, ça dépend d'EDF", a également souligné l'élu. "Ce que je retiens surtout, c'est qu'il a dit qu'il n'y aurait aucune fermeture complète de site, ce qui veut dire qu'il faudra un nouveau projet industriel sur place".
Pas de nouveaux EPR engagés avant 2021. Par ailleurs, la France ne prendra pas de décision sur la construction de nouveaux EPR, les réacteurs de nouvelle génération, avant 2021, a ajouté Emmanuel Macron. "L’EPR doit faire partie du bouquet d’options pour demain. Je demande à EDF de travailler à l'élaboration d'un programme de 'nouveau nucléaire' en prenant des engagements fermes sur le prix, pour qu'ils soient plus compétitifs. Tout doit être prêt en 2021 pour que le choix qui sera proposé aux Français puisse être un choix transparent et éclairé", a-t-il précisé.
Le soutien aux énergies renouvelables va augmenter. Le soutien au développement des énergies renouvelables va passer de 5 milliards actuellement "à 7 à 8 milliards d'euros par an", a par ailleurs annoncé mardi Emmanuel Macron, évoquant un triplement de l'éolien terrestre et une multiplication par cinq du photovoltaïque d'ici 2030. "Nous concentrons nos efforts sur le développement des énergies renouvelables les plus compétitives, et parce que nous veillons au pouvoir d'achat des Français, nous serons exigeants avec les professionnels sur la baisse des coûts", a-t-il dit dans un discours sur la transition énergétique à l'Élysée.
Berlin "se réjouit" de la décision sur Fessenheim. La ministre allemande de l'Environnement a salué mardi l'annonce de la "fermeture définitive" de la centrale de Fessenheim, située à la frontière avec l'Allemagne. "Ce qui compte maintenant, c'est que les mots soient suivis par des actes", a ajouté, prudente, la ministre Svenja Schulze (SPD) sur Twitter.