Programme économique : François Fillon maintient le cap

François Fillon a présenté son programme à la presse lundi.
François Fillon a présenté son programme à la presse lundi. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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Clément Lesaffre , modifié à
François Fillon a présenté lundi la nouvelle version de son programme présidentiel. Les mesures économiques phares n’ont pas bougé, malgré quelques inflexions.

Comment dire la même chose avec d’autres mots. On pourrait résumer ainsi la nouvelle mouture du programme économique dévoilé par François Fillon lundi lors d'une conférence de presse. En effet, le candidat Les Républicains à la présidentielle n’a presque rien changé au programme qui lui a permis de remporter la primaire de la droite et du centre en novembre. "Mon projet reste et restera celui de la primaire", assume François Fillon dans Les Echos. En revanche, le vocabulaire, lui, a évolué.

Les fonctionnaires

Le changement de discours le plus visible concerne les suppressions de postes de fonctionnaires. Jusqu’ici, François Fillon clamait haut et fort sa volonté de réduire les effectifs de 500.000 postes. Le chiffre est toujours présent dans son nouveau programme, mais désormais, il préfère parler en pourcentages. "Si le temps de travail des agents publics augmente de 10%, le calcul est simple. L’effort demandé est une baisse des effectifs de 9% en cinq ans, soit moins de 2% par an. Il faut donc relativiser", dit-il dans Les Echos.


"Il faut que les fonctionnaires travaillent un...par Europe1fr

Mais visiblement, le passage du chiffre brut au pourcentage n’est pas totalement clair dans l’esprit de François Fillon : lors de la matinale spéciale d’Europe 1, il a affirmé vouloir "ne pas remplacer, en gros, un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite, c’est-à-dire 8% sur cinq ans des effectifs de l’ensemble des fonctions publiques, c’est-à-dire 1,5 % par an." Alors 8 ou 9% ? La différence est importante. Si on s’en tient aux 5,45 millions de fonctionnaires employés en 2014, 9% de fonctionnaires en moins équivalent à 490.000 postes supprimés. Si c’est 8%, on tombe à 435.000.

Les 39 heures

Le sujet brûlant des 39 heures a également bénéficié d’un coup de polish. Lors de la primaire et dans les semaines qui ont suivi, François Fillon indiquait que la baisse des effectifs de la fonction publique serait compensée par une augmentation du temps de travail de 35 à 39 heures. Sans que la rémunération suive forcément. "Quand on est passé de 39 à 35 heures on n'a pas diminué les salaires au passage. Il y a un espace de négociation possible", avait affirmé François Fillon lors du débat de l’entre-deux-tours face à Alain Juppé. Il semblait alors clair que les fonctionnaires travailleraient 39 heures, payées 35 ou 37.

Une mesure pas franchement populaire dans la fonction publique et que François Fillon semble aujourd’hui nuancer, dans le discours. "Je propose de passer à 39 heures, ou plus exactement à 1.790 heures par an", a-t-il précisé au micro d’Europe 1. "Ensuite, on ouvrira une négociation secteur par secteur pour voir, avec les personnels, comment on améliore les salaires. Naturellement, les salaires doivent augmenter", promet à présent le candidat des Républicains. Qui ne spécifie pas si cette augmentation sera proportionnelle ou non à celle du temps de travail.

Deux gros changements pour la TVA et le pouvoir d’achat

Le bruit courait depuis plusieurs semaines, c’est désormais officiel. François Fillon renonce à augmenter le taux de TVA intermédiaire (restauration, bâtiment) de 10 à 12%. Un taux, selon lui, "plutôt supérieur à la moyenne européenne" et dont la hausse "pouvait avoir des incidences négatives sur les services", explique-t-il. En revanche, le taux normal de TVA passera bel et bien de 20 à 22% s’il est élu en mai, afin de financer la baisse des charges pesant sur les salaires.

C’est l’autre changement majeur : une baisse forfaitaire des charges salariales de 350 euros et par salarié, donc de 700 euros pour un couple dont les deux conjoints travaillent. Une mesure qui coûtera 7,7 milliards à l’État, deux milliards de plus que ce qu’envisageait François Fillon lors de la primaire de la droite.

Des précisions de calendrier

Pour le reste, l’essentiel du nouveau programme de François Fillon est constitué de précisions sur le calendrier des réformes. Ainsi, le passage de l’âge de la retraite de 62 à 65 ans se fera par étapes et sera effectif "peu après la fin du mandat", assure le candidat aux Echos. Il ajoute que les dispositifs permettant de partir plus tôt que l’âge légal seront maintenus. Les baisses de charges de 25 milliards d’euros pour les entreprises commenceront en 2017 et s’appliqueront intégralement en 2019. De même, la baisse de l’impôt sur les sociétés de 33,3% à 25% sera réalisée "par étapes".