Renault a dévoilé lundi le nom de la remplaçante de la Laguna. La nouvelle berline haut de gamme de la marque au losange, dont la version finale sera dévoilée lundi prochain, s'appellera donc "Talisman". Un nom qui doit servir de porte-bonheur à la marque au losange, là où la Laguna faisait plutôt office de bête noire ces derniers temps. Mais ce nouveau patronyme peut-il faire mouche ? Décryptage.
Fallait-il effacer la "Laguna" ? Trois générations de Laguna se sont succédées entre 1994 et 2015. Le choix de Renault de conserver le même nom pour la Laguna III, bien que la génération précédente eut son image ternie par des problèmes de fiabilité, avait été critiqué par la presse automobile. La dernière Laguna s'est d'ailleurs vendue autour de 345.000 exemplaires depuis son lancement, contre respectivement 1,4 million et 1,1 million pour les deux premiers modèles.
"Il y a eu beaucoup de versions et toutes n'ont pas connu le succès. Il fallait tourner la page. Les commerciaux étaient tous d'accord pour un nouveau nom", décrypte pour Europe 1 Marcel Botton, président exécutif et fondateur de Nomen, une agence française de "naming" qui a baptisé plus d’une vingtaine de modèles, comme la Renault Clio. "On ne change pas une voiture qui gagne. Mais la Laguna a beaucoup déçu. Renault lui prêtait de l'ambition. La Laguna III avait été annoncée en grande pompe par Carlos Ghosn. Cela n'a pas été un succès", renchérit un autre expert du secteur automobile.
Que vaut le nom "Talisman" ? "En un souffle fluide et naturel, ce mot affirme le statut puissant et l’énergie qui émane de la voiture. Son design robuste et racé associé aux technologies innovantes, confèrent protection et sécurité", détaille le groupe dans un communiqué, pour expliquer son choix. Rareté, puissance, solidité, trois messages pour trois syllabes qui peuvent porter leurs fruits, selon Marcel Botton. "Talisman a toutes les caractéristiques d'un bon nom. Il se prononce bien, il n'est pas ambigu, il permet de raconter une histoire et en même temps il n'est pas fermé, il peut s'adapter aux éventuelles évolutions du modèle", décrypte le spécialiste.
Avec "Talisman", pas de risque non plus d'une traduction douteuse dans un autre pays. On se souvient de la "Mito" (contraction de Milano et Torino), d'Alpha Romeo, qui avait connu des débuts difficiles en France. "Renault est très attentif à ça. Il fait faire de nombreux contrôles linguistiques et culturels, dans toutes les langues, y compris le grec ancien ou le latin !", explique Marcel Botton.
Fallait-il vraiment une nouvelle berline ? Le spécialiste du "naming" prévient toutefois : "le succès d'un nom dépend du succès de la voiture. Si elle ne plaît pas, on dira que le nom est mauvais, il aura une connotation négative". Or, Renault prend un gros risque en sortant une nouvelle berline. Le marché est déjà très concurrentiel, et il a décliné de 38% en Europe depuis 2007.
>> Comme le résume Axel de Tarlé, les berlines ont tendance à s'effacer au profit des Crossover :
La Laguna devient le Talismanpar Europe1fr
"C'est difficile pour un constructeur généraliste de ne pas être présent sur ce secteur. Les berlines sont le cœur de gamme, plus cher, avec de bonnes marges", analyse Flavien Neuvy, de l'observatoire automobile Cetelem. Qui conclut : "mais ce sera très difficile de s'imposer dans un si petit secteur (11% des ventes automobiles) avec autant de concurrents : la 508, la C4, l'Audi A4 etc. C'est un pari".