Le bras de fer est entamé entre les agriculteurs et le gouvernement après la suspension des travaux du barrage de Sivens. Jeudi matin, Xavier Beulin, président de la FNSEA, premier syndicat d'agriculteurs, a été clair au micro d'Europe1 : "si le gouvernement cède et n'assume pas ses responsabilités, il y a aura une mobilisation. Nous voulons que ce projet soit construit". Mardi, le président du Conseil Général du Tarn, Thierry Carnac, avait pourtant annoncé la suspension des travaux de ce chantier controversé, après la mort de Rémi Fraisse, un manifestant opposé aux travaux dans des affrontements avec les forces de l'ordre. Mais les agriculteurs comptent bien faire plier les autorités.
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Sécuriser l'irrigation des terres. Le chantier du barrage de Sivens vise à créer une retenue d'eau d'1,5 millions de mètres cubes. Cet ouvrage doit permettre de sécuriser l'irrigation en eau pour les agriculteurs de la région, arguent ses défenseurs. Pierre Vincens, président de la commission irrigation syndicat FDSEA du Tarn, prévient par exemple sur le site de l'Obs: "J'espère bien que ce n'est qu'une suspension, le temps que les esprits s'apaisent. Si on arrête tout, on court à la catastrophe !".
Un coup de boost pour la région. Dans le Tarn, la majorité des exploitations reposent sur une "agriculture familiale qui s'exercent dans des conditions difficiles", d'après le rapport rendu en début de semaine au ministère de l’Écologie. Les agriculteurs espèrent donc beaucoup du projet de barrage. "Nous sommes sur un projet qui va créer des dizaines d'emplois, avec cent agriculteurs concernés. Des petites exploitations vont se diversifier et vont amener du tourisme rural.", tente ainsi de démontrer Xavier Beulin.
Écoutez l'intégralité de l'interview de Xavier Beulin, président de la FNSEA, jeudi matin au micro d'Europe 1 :
L'environnement est "pris en compte". Les opposants ont tenté, en vain, d'empêcher la destruction de 13 hectares de "zones humides" (bois et prairies) et "réservoir de biodiversité" qui abritait 94 espèces protégées (libellules, grenouilles, chauve-souris, etc.). Xavier Beulin réfute cet argument : "Nous prenons en compte l'environnement. Ce n'est pas un barrage avec des murs de béton. C'est de l'aménagement d'un terrain naturel pour stocker de l'eau en période hivernale, et en disposer en période estivale."
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Un chantier déjà commencé. Quoiqu'il en soit, les travaux sur le site ont déjà débuté, en septembre dernier. "Le projet a démarré il y a 20 ans, dont près de 10 ans de procédures juridiques et administratives. Une décision favorable à la réalisation de cet ouvrage a été donnée. Est-ce qu'aujourd'hui on va appliquer la loi et le droit ?", demande Xavier Beulin face à l'enlisement du dossier. Manière de suggérer fermement que ce qui est commencé doit être achevé.
Pas d'unanimité au sein de la profession. Mais du côté des agriculteurs, il n'y a pas que des défenseurs acharnés du projet. Dans les colonnes du Monde de jeudi, Rémi Serres, un agriculteur de 76 ans opposé au projet, confie à propos des opposants : "Ce ne sont pas tous des gars bien, mais je les admire. Sans eux, le barrage serait déjà construit". En attendant, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a convoqué une réunion sur le sujet mardi prochain. Pour "enterrer tranquillement le dossier" ? Pas sûr toutefois que les agriculteurs comptent regarder paisiblement l'arrêt des travaux du barrage de Sivens.
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