Comment nous déplacerons-nous demain ? C’est la question à laquelle doit répondre le projet de loi d’orientation des mobilités, présenté lundi en conseil des ministres par Élisabeth Borne. Dans la lignée de la politique engagée par Emmanuel Macron depuis son élection, le gouvernement entend avec cette loi inciter les Français à moins utiliser leur voiture personnelle. Pour y arriver, le texte veut développer les alternatives écologiques ainsi que les transports partagés. Tour d’horizon de ce qui va changer pour chaque mode de déplacement.
Si vous prenez la voiture
Puisqu’il n’est évidemment pas question de bannir les voitures des routes, le projet de loi "mobilités" vise à fluidifier le trafic et limiter la pollution atmosphérique autour des grands axes routiers. Dans cette optique, le texte envisage la suppression des barrières aux péages. Les structures resteront en place et il faudra toujours passer dans un couloir. Mais fini la queue : les automobilistes passeront désormais librement. Le paiement sera effectué grâce à un capteur qui détectera un badge (comme le système de télépéage Liber-t), une vignette ou même la plaque d’immatriculation.
Des premières expérimentations vont avoir lieu avant la fin de l’année au péage de Tours Nord sur l’A10 et à celui de Tonnay-Charente sur l’A837. Pour mettre ce passage libre en place, le gouvernement doit quand même résoudre un problème : la fraude au péage risque d’augmenter fortement (de 0,2% à 5%, selon Le Parisien, soit 500 millions d’euros de pertes pour l’État chaque année).
Pour inciter les automobilistes à se convertir à l’électrique, le projet de loi va rendre obligatoire l’installation de bornes de recharge sur les parkings de plus de dix places et l'équipement de tous les parkings de plus de 20 places des bâtiments non résidentiels d'ici à 2025. Les grands axes routiers devraient également être plus équipés pour permettre de rallonger des trajets encore limités par l’autonomie des voitures électriques.
Si vous êtes adepte du covoiturage
C’est l’un des moyens de transport que le projet de loi compte développer fortement. Il instaure donc un "forfait mobilité" annuel de 400 euros (c’est un maximum) que les entreprises pourront verser à leurs salariés qui viennent travailler en covoiturage. Facultatif, il sera exonéré d’impôts et de cotisations.
Le gouvernement compte aussi réguler les prix pratiqués sur les plateformes de covoiturage, pour éviter que cela ne devienne une source de revenus pour les conducteurs. Concrètement, les tarifs seront désormais encadrés et transparents, afin de correspondre uniquement au partage des frais. Cela aurait un impact sur les prix : un trajet dans un véhicule rempli coûtera désormais moins cher que s’il n’y a qu’un seul passager.
Enfin, dernière mesure pour inciter les Français à se tourner un peu plus vers le covoiturage : des voies spéciales devraient être dédiées aux covoitureurs, partagées avec les transports en commun et éventuellement avec les véhicules peu polluants.
Si vous préférez le bus
Réduire la circulation et diminuer la pollution ne sont pas les seuls objectifs du projet de loi "mobilités". Ainsi, pour lutter contre l’insécurité et le harcèlement, le gouvernement souhaite expérimenter la descente à la demande dans les bus. Les femmes et les personnes seules pourraient donc, à terme, s’arrêter où elles le souhaitent et non plus uniquement aux arrêts fixes, afin de se rapprocher au maximum de leur destination. Ce service serait a priori valable uniquement le soir et la nuit. Déjà mis en place à Nantes, il serait étendu à la France entière mais uniquement selon la volonté de chaque collectivité locale.
Si vous vous déplacez à vélo
Le "plan vélo", déjà présenté en septembre, s’intègre au projet de loi. Le gouvernement veut tripler la part de la bicyclette dans les déplacements quotidiens des Français pour atteindre 9% en 2024. Pour ce faire, un fonds de 350 millions d’euros sur sept ans permettra aux collectivités locales d’améliorer les infrastructures pour les vélos, à commencer par les pistes cyclables. De plus, le double sens cyclable en agglomération sera généralisé sur les routes limitées à 50 km/h, contre 30 km/h actuellement.
Pour renforcer la sécurité des cyclistes sur les pistes, le gouvernement propose la réalisation de "sas vélo" devant chaque nouveau feu tricolore installé dans les agglomérations à partir du premier semestre 2019. Soit la réservation d'un espace en amont du feu pour permettre l'identification des cyclistes par les véhicules motorisés. Pour limiter le risque de vol, les vélos neufs devront par ailleurs porter un numéro d’immatriculation.
Enfin, le "forfait mobilité" de 400 euros sera également valable pour les gens qui viennent au travail en vélo. Comme pour le covoiturage, il sera facultatif. À terme, il doit remplacer l’indemnité kilométrique qui n’a pas été suffisamment appliquée par les entreprises au goût de l’exécutif.
Si vous vous baladez en trottinette
Depuis quelques mois, les trottinettes électriques en libre-service ont envahi les trottoirs des grandes villes. Et ça ne plaît pas vraiment à la ministre des Transports qui a décidé de réguler leur usage. La loi "mobilités" donnera la possibilité aux collectivités locales d’imposer un cahier des charges aux opérateurs de trottinettes en libre-service (mais aussi de vélos et de scooters), avec entre autres points, la question du stationnement sauvage. Le projet de loi doit également aboutir à de nouvelles règles de sécurité routière pour interdire l’usage des trottinettes électriques - qui peuvent dépasser les 40 km/h - sur les trottoirs. Elles devront circuler sur la route ou sur les pistes cyclables.