"Comment voulez-vous attirer des jeunes, qui sont tout le temps sur leur portable, si on n'a pas de téléphonie mobile ?" Claude Dupon est maire de Marchampt dans le Beaujolais, une commune de 500 habitants qui se trouve en "zone blanche", c'est-à-dire sans couverture de réseau mobile. "Même un petit village a besoin de se développer" et cette situation est "une entrave à tout développement", affirme-t-il sur Europe 1.
La fin des "zones blanches", on peut y croire. C'est donc avec plaisir qu'il a accueilli la nouvelle d'un accord entre les opérateurs de téléphonie mobile et l'Etat pour mettre fin aux "zones blanches", d'ici trois ans. Le financement des travaux, évalués à plus de 3 milliards d'euros, sera totalement pris en charge par les opérateurs. Alors que l'État a déjà fait la promesse d'éliminer les "zones blanches" par le passé, cette fois, on peut y croire, estime Sébastien Soriano, président de l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep).
"C’est un effort d’investissement très important et durable qui a été obtenu de la part des opérateurs pour en finir avec le désert mobile français qu’on a connu", confie-t-il au micro d'Europe 1 avant de rappeler que "c'est un choix qu'a fait l'État". Car oui, les opérateurs ont obtenu des garanties en contrepartie des investissements qu'ils ont consentis. "L'État possède des fréquences qui sont louées aux opérateurs" et a décidé "d'utiliser ces fréquences pour obtenir des engagements".
Le choix de ne pas profiter d'une "situation de dépendance" des opérateurs. Il a donc été promis aux opérateurs "qu'ils pourront garder ces fréquences, qu'ils utilisent déjà" contre le paiement de redevances : "ils vont continuer à les payer mais on ne les augmente pas", souligne Sébastien Soriano. L'État a donc fait le choix de ne pas profiter de "cette situation de dépendance" des opérateurs vis-à-vis de ces fréquences "pour obtenir des sommes financières". "On obtient à la place, des engagements de couverture", explique le président de l'Arcep.
Et cet investissement, qui sera "sans doute" de plus de 3 milliards d'euros, "tire vraiment dans tous les sens par rapport aux besoins criants" en termes de "couverture dans les territoires" : "C'est-à-dire non seulement apporter de la couverture là où il n’y en a pas, mais aussi augmenter la qualité de la couverture. (...) Partout où il y aura du mobile, il y aura de la 4G aussi."
Des "sanctions très dissuasives" en cas de non respect des engagements. Le gendarme des télécoms va par ailleurs vérifier que les opérateurs jouent bien le jeu en publiant un observatoire "tous les trimestres". "Si nous voyons que les opérateurs ne respectent pas les différentes obligations, nous pourrons les mettre en demeure et le cas échéant, les sanctionner. Nous pourrons mettre des sanctions pécuniaires qui vont jusqu’à 3% du chiffre d’affaires, c’est quand même des sanctions qui sont très dissuasives", note-t-il.
La principale question désormais est de savoir si cet investissement va se répercuter sur les prix des forfaits mobiles. S'il n'y a pas eu d'engagement de la part des opérateurs en ce sens, Sébastien Soriano croit "qu'il y a peu de souci à se faire" : "Si un opérateur s’amuse à augmenter ses prix, il sera rattrapé par la patrouille. C’est-à-dire les autres opérateurs, qui garderaient leurs prix, et les consommateurs qui changeraient d’opérateur."