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Catherine Nay, mardi dans son édito politique sur Europe 1, s'est exprimée au sujet de la lutte contre l'islamisme radical. Y a-t-il enfin une prise de conscience en France ?

La décapitation d'un professeur par un terroriste islamiste a suscité une telle vague de colère, d'indignation, d'écœurement, que le président Emmanuel Macron ne peut plus s'en remettre aux mots. Il doit agir. Il veut agir. Très bien, le pays attend ! C'est l'édito politique de Catherine Nay.

L'horreur de l'assassinat de Samuel Paty a créé un choc national. Une prise de conscience. La lutte contre l'islamisme est le combat de notre époque. La République est en danger. Qu'un Tchètchène de 18 ans vivant à 80km de Conflans-Sainte-Honorine ait pu passer à l'acte démontre l'intensité et la puissance de persuasion de la propagande islamiste sur les réseaux sociaux, sans doute avivée par le discours du président contre le séparatisme islamiste.

Déjà, le ministre de l'Intérieur a pris des décisions : perquisitions dans 12 départements, pour déstabiliser la mouvance. Actions coup de poing. Dissolution du collectif contre l'islamophobie, CCIF, et de Barkacity, qui sont des harceleurs islamiques. Fermeture de la mosquée de Pantin. Et expulsion de 231 étrangers suivis pour radicalisation. Ils sont environ 800.

Le ministre n'a pas attendu la tragédie de Conflans pour se rendre au Maroc et donner une liste de 9 noms à ses homologues : "Eh bien reprenez-les !"... Mais personne n'en veut ! Donc, il va falloir négocier. Le ministre ira en Algérie, en Tunisie. Mais il ne suffit pas de claquer des doigts !

Pourquoi est-ce si difficile d'expulser ?

La réalité, c'est que la France a baissé la garde depuis plus de 30 ans ! En 77, on en avait expulsé près de 6.000. Chiffre qui a dégringolé à partir de 81 : un peu plus de 1.000. Sans polémiques, la gauche en porte très largement la responsabilité. Aujourd'hui les trois quarts des expulsions ne sont pas exécutées.

Passer de l'intention aux résultats n'est pas gagné dans ce cas ?

En effet car l'Etat a perdu par négligence, le terrain gagné par les prédicateurs islamistes. Peu à peu, le vers s'est installé dans le fruit : voile, burkini, menus hallal, séparation des filles et des garçons dans les piscines, refus des maris de laisser examiner leurs femmes par un homme dans l'hôpital. L'Education nationale a cédé, pour ne pas faire de vagues.

Alors comment faire ?

Il faut que l'Etat muscle son arsenal juridique qui est un ventre mou. Que le Conseil constitutionnel ait censuré une loi qui encadrait les terroristes à leur sortie de prison est une preuve de grande cécité. Il faut revoir le droit d'asile. La France a toujours été très généreuse. Mais, depuis les années 80, on accepte des gens qui n'adhèrent pas à nos valeurs, d'où le problème d'aujourd'hui. Et puis les mineurs isolés, qui arrivent chaque semaine comme ça, d'Italie, par avion du Maroc, grâce à des passeurs qui font fortune et qui les dispatchent dans les départements, où ils réclament aussitôt leurs droits à être nourris, logés, formés, payés. Ils sont 40.000 aujourd'hui. C'est un coût : 2 milliards et demi pour les départements ! C'est dire qu'il va falloir bien du courage au gouvernement pour assainir le terrain.