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Chaque matin, Nicolas Beytout, le directeur du journal "L'Opinion", analyse l'actualité politique et nous livre son point de vue. Ce mercredi, il revient sur les conséquences de la condamnation de Nicolas Sarkozy sur la course à l'élection présidentielle de 2022 à droite de l'échiquier politique.

Après la condamnation de Nicolas Sarkozy, la question se pose d’ores et déjà : est-ce que cela va rebattre les cartes à droite ?

"Oui, sans aucun doute. Ses proches parmi les proches expliquaient jusque-là que l’ancien Président de la République n’avait que deux scénarios à l’esprit pour 2022 : soit être candidat, soit être celui qui amène la droite à Emmanuel Macron dans un second tour face à Marine Le Pen pour renforcer ainsi son influence sur le quinquennat suivant. Evidemment, tout ça a volé en éclat. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que Nicolas Sarkozy n’a plus, à ce jour, les moyens d’espérer être candidat. Et il l’admet clairement.

Est-ce qu’il lui reste l’arme de l’influence, en particulier sur sa famille politique ?

Oui, mais à la baisse, même si Nicolas Sarkozy promet qu’il exprimera clairement sa préférence. Je vous livre la réflexion que m’a confiée un proche d’un des candidats potentiels de la droite. 'Les Sarkozystes purs et durs', m’a-t-il dit, 'ne pourront plus continuer à travailler sur un ralliement de la droite à Macron, ils ne pourront plus semer le doute sur la solidité de nos candidatures'. Ceux qui avaient déjà pointé le nez pour 2022 (ou carrément posé le pied sur la ligne de départ) se sentent à l’évidence un peu libérés du poids de cette tutelle. L’un d’eux me disait d’ailleurs qu’il pensait que ça allait faire éclore des ambitions parmi ceux qui savaient qu’ils se feraient allumer par l’ancien chef de l’Etat s’ils sortaient du bois.

De qui parle-t-on ?

Il y a bien sûr Xavier Bertrand, aujourd’hui le mieux placé à droite dans les sondages, et Valérie Pécresse. Tous les deux ont d’ailleurs rivalisé de formules de soutien à l’égard du condamné Sarkozy : 'amitié, respect, laver son honneur, faire la vérité'. On ne sait jamais, ça peut servir. Prudence, prudence. Et puis il y a Bruno Retailleau, que l’ancien chef de l’Etat n’a jamais apprécié, et qui devrait retrouver un peu d’oxygène. Et pourquoi pas Laurent Wauquiez, même si ça semble improbable. L’ancien patron des Républicains sera sans doute très bien réélu à la tête de la Région Auvergne-Rhône Alpes et cela peut peut-être ouvrir l’appétit.

Pour la droite, le risque, évidemment, serait que cette absence du boss ombrageux et tutélaire se traduise par une guerre des chefs.

Avec une primaire (ou une procédure de départage) à la clef ?

Si aucun homme providentiel ne s’impose, oui. On pourrait alors voir deux camps, deux stratégies se détacher et s’opposer. La droite de ceux qui accepteraient de pactiser avec Emmanuel Macron et celle qui ne le voudra pas. Avec d’un côté un Christian Estrosi par exemple et de l’autre un Xavier Bertrand, opposant radical à cette idée. Deux stratégies pour le deuxième tour et pour l’après. Deux visions radicalement différentes de ce qu’est l’avenir de la droite, désormais chamboulé par la condamnation de son dernier occupant de l’Elysée."