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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le bras de fer promet d’être musclé : Bruxelles va rappeler à l’ordre l’Italie cette semaine à cause de la dérive de ses comptes.

Oui et la commission pourrait proposer dès mercredi d’engager contre l’Italie une procédure pour déficit excessif, susceptible de déboucher sur des sanctions financières. Pourquoi ? Parce que la dette continue de croître à des niveaux inquiétants, 134% de la richesse nationale (en France ou est pas loin de 100%), et que le déficit public dérape, il pourrait atteindre 3,5% l’an prochain. Donc si on applique les traités, l’Italie se qualifie largement, pour des sanctions. Et, plus ennuyeux, la situation financière de l’Italie n’inquiète pas seulement Bruxelles. Les créanciers internationaux, ceux qui prêtent à l’État italien pour qu’il puisse payer ses dépenses et les salaires de ses fonctionnaires, exigent des taux d’intérêt de plus en plus élevés. Humiliation suprême pour Rome : ces bailleurs de fonds réclament des taux plus élevés à l’Italie qu’à la Grèce !

C’est un signal inquiétant ?

Oui et il faut prendre un peu de recul car il y a au moins quatre signaux inquiétants qui se sont allumés dans le monde et qui, si on les réunit, constituent les ingrédients d’une crise financière majeure. Un : chez nous en Europe, l’Italie suscite donc la méfiance des bailleurs de fonds or c’est la troisième économie de la zone euro, c’est une alerte sérieuse. Deuxième alerte : aux États-Unis, on assiste à une situation inédite depuis 2007, depuis trois semaines, les taux d’intérêt à court terme sont plus élevés que ceux à dix ans. C’est tout à fait anormal et à chaque fois que c’est arrivé depuis un demi-siècle, ça a débouché dans l’année ou dans les deux ans sur une récession. La troisième alerte est venue de Chine la semaine dernière avec la mise sous tutelle d’une banque régionale, une première depuis 20 ans, signe de fragilité à l’intérieur d’un système financier chinois plutôt opaque. Quatrième alerte : les investisseurs internationaux n’ont jamais été aussi inquiets, au point qu’ils préfèrent prêter leur argent à des taux négatifs à une échelle jamais vue plutôt que d’investir : 13.000 milliards de dollars sont placés à taux négatifs en ce moment, l’équivalent des deux-tiers de l’économie américaine. Réunissez ces quatre ingrédients : vous avez les symptômes d’une crise qui ne ressemble pas à celle de 2008 mais peut être tout aussi grave.