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L'ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, est appelé au secours de l’économie italienne qui a subi l’an dernier une récession de 8,9%. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Après avoir sauvé la zone euro en 2012, Mario Draghi va-t-il sauver l'Italie ? L'ancien président de la Banque centrale européenne est appelé au secours de l’économie la plus malade d’Europe.

Comme un urgentiste au chevet d’une économie italienne exsangue, qui a subi l’an dernier une récession de 8,9%. Alors les marchés financiers applaudissent : hausse de la Bouse de Milan, réduction de l’écart de taux d’intérêt avec l’Allemagne. Le capital de confiance de "super Mario" est intact, il sait parler au monde de la finance. Saura-t-il parler aux Italiens ? C’est beaucoup moins sûr. C’est un technocrate sans aucune expérience parlementaire. Il avait sorti le "bazooka", avait-on dit, pour sauver l’euro de la crise de 2012, et bien c’est avec un bazooka que l’attend une grande partie de la classe politique italienne.

Une classe politique qui sait pourtant que l’Italie traverse une crise économique sans précédent.

C’est, quelque part, la chance de Draghi qui a aussi un autre atout dans sa manche : l’Europe s’est montrée très généreuse à l’égard de la troisième économie de la zone euro. L’Italie va bénéficier de la manne des fonds européens pour financer un plan de relance de 223 milliards d’euros. Et vu de Bruxelles, il est rassurant que la mise en œuvre de ce véritable plan Marshall soit pilotée par une personnalité aussi sérieuse que Mario Draghi. Il avait d’ailleurs lui-même fixé le cap que devra suivre son gouvernement : c’était l’été dernier, Draghi se préparait dans l’ombre à devenir Premier ministre. Il avait alors expliqué que l’argent levé sur les marchés par l’Europe devait être utilisé "pour produire de la bonne dette à des fins productives : investissement dans le capital humain, les infrastructures et la recherche". Un programme dans la droite ligne de l’orthodoxie bruxelloise.

La dernière fois qu’un pur technocrate avait été appelé à la rescousse pour gérer l’Italie, ça avait mal fini.

C’était Mario Monti il y a dix ans, en pleine crise financière. La grande différence, c’est que Monti était arrivé pour mettre en place un plan d’austérité pour tenter de remettre les comptes publics d’équerre. C’était parfaitement impopulaire. Là, c’est presque le contraire puisque Draghi arrive avec un énorme budget à dépenser pour soutenir l’économie. C’est Draghi, pas Emmanuel Macron, qui a inventé la formule "quoi qu’il en coûte", une formule utilisée à l’époque pour sauver les économies les plus fragiles de la zone euro de la crise financière. Il va devoir l’appliquer à un pays malade au point d’être l’un des seuls, en Europe, à ne pas avoir retrouvé le niveau de richesse par habitant d’avant la crise de 2008. C’est dire la mission qui attend celui que l’on surnomme, peut-être un peu trop tôt, "le sauveur de la Patrie".