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Chaque matin de cette semaine, Daniel Fortin, de la rédaction des Échos, fait le point sur une question d'actualité économique. Aujourd'hui, il revient sur les tractations en cours sur le projet de futur avion de chasse européen.

C’est un dossier à 80 milliards d’euros. Le projet de futur avion de chasse européen est entré dans la dernière ligne droite. Une réunion importante s’est tenue mercredi à Paris entre les industriels, et pour l’instant, on a du mal à se mettre d’accord...

"Oui, étaient présents à cette réunion Dassault, Airbus, Safran, le groupe allemand MTU et plusieurs hauts fonctionnaires de tous les pays concernés. Il faut dire que le sujet est absolument majeur puisqu’il s’agit de construire le futur avion de chasse qui remplacera les Rafale et les Eurofighters en 2040. C’est crucial si l’on veut bâtir un jour une vraie défense européenne. C’est vital aussi car le coût de ce genre de programme est tel qu’il épuise les budgets nationaux : on l’a vu avec l’histoire tumultueuse du Rafale. On a donc intérêt à s’entendre, tout le monde est d’accord là-dessus. Mais quand il s’agit de dire qui fera quoi dans ce nouvel avion, là c’est une toute autre histoire.

Qu’est ce qui bloque précisément ?

Plusieurs choses. D’abord la répartition des tâches entre les industriels des différents pays : cela conditionne en effet les futures usines et donc les futurs emplois. Les espagnols réclament par exemple un tiers de la fabrication des moteurs du futur avion, des moteurs que le Français Safran et l’Allemand MTU avaient l’intention initiale de se partager. Autre point de blocage : la propriété intellectuelle pour une entreprise comme Dassault par exemple dont l’existence même est conditionnée à ses brevets. Ce n’est pas rien de les mettre du jour au lendemain dans un pot commun.

Enfin, dernier point de friction, le leadership sur les techniques. Qui sera leader sur la furtivité ? Sur les commandes de vols sur les cockpits ? Là aussi, il faut régler ces questions de souveraineté avant de lancer le projet.

Est-ce que ce projet peut encore capoter ?

On devrait en savoir plus ce jeudi car une rencontre est prévue entre Florence Parly, la ministre de la Défense et son homologue allemande pour faire le point sur les négociations. Si un échec est constaté, cela ouvrirait une crise politique très grave. On n’a en effet jamais été aussi près d’une Europe commune de la défense. En dehors de l’avion de chasse, il y a aussi d’autres projets dans les tuyaux, comme un futur char européen. Mais tous dépendent de ce qui se décidera cette semaine. C’est une sorte de quitte ou double qui se joue sur un sujet vraiment structurant pour l’Europe."