Chaque jour, Axel de Tarlé fait un point sur l'économie.
Tollé en Allemagne après l'annonce par Siemens d'un plan de 6.900 suppression d'emplois et ce, alors que le géant allemand annonce six milliards de bénéfices.
La France n'est pas touchée mais on parle bien de 6.900 suppressions de postes pour six milliards de profits.
Et ça ne passe pas !
La ministre allemande de l'Économie a écrit au patron de Siemens pour protester tandis que le grand syndicat allemand IG mettall parle d'une décision "irresponsable". Il rappelle que Siemens est "censé pouvoir supporter certaines difficultés temporaires".
Car il est là le noeud de l'affaire, Siemens est un conglomérat. Ça veut dire un paquebot, présent dans une multitude de métiers très lourds, qui nécessite du long terme pour le secteur de l’énergie, de l’aéronautique, de la santé, des télécom ou du ferroviaire (avec Alstom).
L’avantage de cette stratégie c’est que quand un métier va mal, (en l'occurrence la branche énergie) les autres sont là pour soutenir le groupe.
Jusqu'à présent, cette stratégie a plutôt bien marché. Siemens remonte à 1847 et est aujourd'hui le premier employeur privé d'Allemagne (avec 350.000 salariés dans le monde).
Sauf qu'on voit bien la tentation de se recentrer sur les métiers "sexy" du moment et abandonner ceux qui sont moins à la mode.
Ça voudrait dire : renoncer à ce statut de "conglomérat" où coexistent plusieurs métiers ?
C'est la tentation.
On voit la même chose aux États-Unis, avec General Electric qui a la même histoire que Siemens.
Un conglomérat qui, sous la pression de la Bourse, est en train de bazarder des métiers historiques comme l'électricité qui est à l'origine du groupe. General Electric est l'inventeur de l'ampoule électrique, en 1889 !
En France, on est très bien placé pour savoir la dangerosité de ces stratégies d'ultra-spécialisation avec la déroute d'Alcatel Alstom qui était le conglomérat français (présent dans les métiers lourds de l'énergie, des TGV, des chantiers navals (comme Saint-Nazaire) et des télécoms).
Sous la pression de la Bourse, on a tout scindé et tout divisé. Résultat, on a tout perdu. Le TGV a été racheté par les Allemands, les chantiers Navals par les Italiens, les Télécoms par les Finlandais et l’énergie par les Américains. Belle réussite !
Donc, oui, le Syndicat allemand IG Mettal a raison de rappeler que ce qui fait la force de Siemens, c'est ce coté "paquebot" qui lui permet d'amortir les difficultés temporaire.