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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Des contrôleurs incités financièrement à coller des amendes aux voyageurs dans les transports en commun. L’histoire est racontée par le Parisien.

Le Parisien surfe sur une série de mésaventures racontées ces dernières semaines par des voyageurs de la SNCF, verbalisés pour des raisons foutraques.

Le journal s’est intéressé au cas de la RATP, qui gère les transports de l’agglomération parisienne. Et il est tombé une information édifiante. Les 400 à 600 contrôleurs du réseau sont financièrement incités à verbaliser les clients, et mieux, à les faire payer sur place. L’équivalent de 10% du montant de ces prunes réglées sur le champ leur reviennent.

Une incitation à sortir le carnet de contraventions !

Un contrôleur anonyme raconte : “on peut faire 15 à 30 infractions par jour, 20 à 40% payées sur place.” L’amende pour un titre de transport non validé, un abonnement, par exemple, c’est 35 euros tout de suite, 65 euros après 20 jours... Ces majorations sont un bon moyen pour mettre la pression aux voyageurs qui se font attraper.

Ce que ça rapporte, difficile de le savoir. On ne peut pas faire de moyenne, admet le journal. C ’est variable selon les lignes, les modes de transport, les périodes de l’année. Pour les contrôleurs des bus et des trams, par exemple, la prime peut être de 1200 euros par an, mais elle contient d'autres éléments de performance.

La prime à l’acte. Ça n’incite pas exactement au dialogue, à la mansuétude, ou tout simplement à la bonne foi face aux usagers parfois perdus dans la jungle des tarifs.

Le Parisien raconte deux mésaventures, emblématique. Celle d’une grand-mère de l’Allier, venue rendre visite à ses petits-enfants, dont un a franchi un tourniquet qui ne fonctionnait pas. “ Nous avons été agressés alors que nous étions en règle”, explique la dame, catastrophée. Autre infortune, celle d’un voyageur lyonnais, tombé dans le célèbre “guet apens” de la Défense. Selon qu’on arrive de Paris en métro ou en RER, le prix du billet n’est pas le même. Le touriste a essayé de régulariser sa situation. Les contrôleurs auxquels il s’est adressé n’ont rien voulu savoir, ça lui a coûté 35  euros. Et une fois que l’on a payé, impossible de faire valoir ses droits.

Est-ce que c’est une bonne technique, cette incitation à la sanction ?

La lutte contre la fraude est une nécessité. La resquille coûte bonbon à la RATP, 171 millions d'euros par an, soit 475 autobus. Le problème c'est que le système pousse au crime. L’intérêt personnel pour la prime n'incite pas les agents à la pédagogie et à la prévention. Qui sont synonymes de pertes de revenus pour eux. Leur intérêt et celui de l’entreprise ne coïncident pas.

Si la RATP veut lutter contre la fraude, qu’elle simplifie les tarifs et l’acte d’achat. Dans de nombreuses villes, à Rome, par ex. on paie avec sa carte bancaire au tourniquet et une fois que c’est fait, on est systématiquement en règle. A Paris, quand on est un touriste, on n’est jamais sûr de rien. On est un gibier potentiel pour un contrôleur qui veut arrondir ses fins de mois. Et c’est là que ça déraille.