Chaque samedi et dimanche, Nicolas Beytout, directeur du journal "L'Opinion", donne son avis sur l'actualité de la semaine.
Bonjour Nicolas Beytout, aujurd'hui, vous n’avez pas aimé ce que révèlent les dernières prévisions de l’Insee.
Exactement, mais vous avez raison de dire "ce que révèlent" les statistiques de l’Insee, car sur le fond, la dernière note de conjoncture dévoilée vendredi est bonne. Très encourageante, même. Après un premier semestre décevant, la croissance va rebondir au deuxième semestre pour atteindre 1,6% au total. Après la baisse du pouvoir d’achat au premier semestre, celui-ci va nettement se redresser au deuxième semestre, et sur un rythme jamais atteint. Même chose pour les exportations, pour les investissements des entreprises qui vont rester dynamiques. Et puis, sur le front social, les grèves dans les transports, qui ont pesé sur la croissance jusqu’au printemps, elles semblent bien derrière nous.
Bon, tout ça ressemble effectivement à de bonnes nouvelles. Alors ?
Alors ce que je regrette, c’est que ces bonnes nouvelles ne perfusent pas, comme on dit. Prenons l’exemple du pouvoir d’achat. L’Insee explique que le fort rebond du pouvoir d’achat en cette fin d’année n’aura pas tous les effets escomptés. Pourquoi ? Parce que le déclencheur psychologique n’est pas là.
Tout le monde a en tête que le pouvoir d’achat a baissé au premier semestre. Et c’est vrai. Mais personne n’a encore vraiment intégré qu’il doit progresser cet automne, avec la baisse des cotisations salariales, et la suppression d’une partie de la taxe d’habitation. Et donc, malgré l’inflation, malgré la hausse de nombreuses petites taxes, ce qu’il restera dans la poche des Français sera plus important que ce que chacun d’entre nous anticipe. Anticipation, c’est le mot-clef. Et comme les Français n’ont pas intégré cette hausse de leur pouvoir d’achat qui est en train d’arriver, ils n’ont pas l’intention de desserrer les cordons de leur bourse, pas l’intention de consommer davantage. Or, ce moteur de la consommation, c’est plus de 50% de la performance de notre économie. Une consommation plate, atone, sans relief, c’est une croissance décevante.
Et comment est-ce que cette anticipation peut être corrigée ?
C’est ce qu’on essaye de faire, modestement, en ce moment !
Je crains que ça ne suffise pas tout à fait.
Moi aussi. Alors, on peut toujours espérer que les Français, qui se plaignent trop comme vient de le dire Emmanuel Macron, arrêtent de geindre. Mais ça risque de prendre du temps. Non, le plus efficace, c’est tout simplement de tirer des leçons de ce que nous dit l’Insee. Si le pouvoir d’achat a baissé au début de l’année, ce n’est pas à cause des salaires, mais à cause de la fiscalité, la CSG en particulier. Et si le pouvoir d’achat va augmenter cette fin d’année, ce sera grâce à la fiscalité, à la baisse des cotisations salariales et à l’opération taxe d’habitation. Bon, c’est clair : la réduction des impôts et des charges, c’est bon pour l’économie, c’est bon pour les ménages et les entreprises. Et c’est bon pour le gouvernement puisque ça doit finir par jouer sur le moral des Français. On se demande ce qu’il attend.