L’idée est de prendre les mesures suffisamment tôt pour que les effets soient lissés. Et pour que les salariés puissent se préparer.
L'édito éco avec Etienne Lefebvre, rédacteur en chef du journal "Les Echos". Bonjour Etienne. Theresa May a annoncé hier que l’âge de la retraite allait passer de 67 à 68 ans au Royaume-Uni. Est-ce un bon exemple à suivre pour la France ?
Sur le niveau de l’âge peut-être pas. 68 ans c’est très élevé par rapport à nos 62 ans actuels. Mais sur la méthode oui ! Je m’explique. La décision prise par les Britanniques n’aura pas d’impact avant 2037. Ce sont les personnes nées dans les années 1970 qui sont concernées. L’idée est de prendre les mesures suffisamment tôt pour que les effets soient lissés. Et pour que les salariés puissent se préparer. Aujourd’hui, l’âge de la retraite est de 65 ans pour les Britanniques. Il ne va donc remonter que très progressivement. C’est aussi la méthode des Allemands, où l’âge de la retraite monte petit à petit à 67 ans d’ici à 2029.
Et en France, on fait tout l’inverse
Oui parce qu’on attend le dernier moment pour agir. Et quand le mur est devant nous, les mesures sont forcément plus brutales. Ce fut le cas avec la réforme Sarkozy de 2010 : l’âge de départ a été augmenté de cinq mois par an, un rythme très rapide. Et qui inquiète les salariés proches du départ. François Hollande, lui, a gelé les pensions pendant plusieurs années, ce qui est aussi un procédé assez raide. Et malgré tout ça, la question des retraites n’est pas réglée. Les comptes sont moins dans le rouge, mais si on ne fait rien, ils ne seront pas équilibrés avant 2040, selon le Conseil des retraites.
Alors que va faire Emmanuel Macron ? Suivre l’exemple de Theresa May ou temporiser ?
Pour l’instant, il temporise. Pendant la campagne, il avait assuré qu’il ne prendrait pas de mesure de redressement : pas touche à l’âge de départ, pas touche au niveau des retraites. Il a promis une réforme d’équité, fusionnant tous les régimes, où chaque euro cotisé donne les mêmes droits. C’est le régime universel par points. Mais le discours s’est durci après l’audit. Matignon a indiqué que la réforme devrait garantir l’équilibre des retraites. Et attention, le dossier est beaucoup plus sensible en France qu’outre-Manche. Parce que le montant des retraites publiques est très inférieur au Royaume-Uni, où la plupart des salariés cotisent à des fonds privés. Et ça, c’est une option qui n’est pas sur la table en France.
L'édito éco. Merci Etienne Lefebvre.