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François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Les États-Unis veulent étrangler l’Iran

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a rendu public hier la nouvelle stratégie des États-Unis vis-à-vis de l’Iran. C’est radical et très hostile aussi à l’Europe. 

Si l’on résume le plan de Mike Pompeo, c’est assez simple. L’accord de Vienne de 2015 prévoyait des exceptions sur l’enrichissement d’uranium jusqu’en 2025, cette fois ci les Américains disent que le nucléaire est fermé à jamais pour l’Iran. Et ils ajoutent à ce plan ce qui n’en faisait pas partie : l’Iran doit cesser toute prolifération balistique, autrement dit, cesser d’exporter ses missiles, mais démanteler tout arsenal de longue portée. Enfin, l’Iran doit retirer toutes ses forces militaires et paramilitaires des pays de la région, à commencer par la Syrie, mais aussi l’Irak, le Liban et le Yémen et même la Palestine et l’Afghanistan. D’ici là, les sanctions économiques et financières américaines seront non seulement rétablies mais aggravées.

Autrement dit, le plan alternatif proposé par Emmanuel Macron à Washington à Donald Trump est devenu caduque.

C’est même pire. Car les entreprises européennes doivent également se retirer d’Iran sous peine de sanctions alourdies. Il n’y a plus qu’un seul plan et il est américain. Les Européens se demandaient si Washington ne souhaitait pas en profiter pour vouloir en finir avec la République islamique. Mike Pompeo leur répond : « les Iraniens devront faire un choix sur leurs dirigeants », sous entendant par  un changement de régime. Si en revanche l’Iran consent à toutes ces exigences, alors Pompeo promet que les sanctions seront levées mais qu’il sera possible de renouer des relations diplomatiques avec Téhéran.

Comment peuvent réagir les Européens ?

Cela dépend aussi de l’Iran et de la Russie et de la Chine qui sont cosignataires. Soit le régime iranien signale qu’il veut rester dans l’accord de 2015 que les Européens entendent honorer et l’on entre alors dans une période de résistance frontale. Cela veut dire que l’Europe va devoir soutenir ses entreprises qui seront ciblées par les États-Unis. Ce qui pourrait coûter très cher et c’est d’autant plus dur que beaucoup de ces entreprises préfèrent rester sur le marché américain plutôt que de risquer leur peau sur le marché iranien. Si, en revanche, les Iraniens sortent de l’accord, alors il faudra bien que les Européens rétablissent les sanctions, quitte à être assimilés au camp américain. Un responsable français disait la semaine dernière en privé "Les États-Unis veulent mettre l’Iran à genoux et nous obliger à tout lâcher". Mais s’il y a de la résistance, et si l’Europe est unie pour résister, alors il faut s’attendre à des contre-sanctions, pourquoi pas sur les États fédérés américains qui ont voté Trump pour faire réfléchir à deux fois ses électeurs avant les élections de mi-mandat de novembre.