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À la Une : Notre-Dame-Des-Landes, tout le monde n’a pas la même analyse

Le coup d’œil d’Eugénie Bastié

16 janvier 2018

Episode - 00 minutes - Société

Description de l'épisode

Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.


Dans la presse ce matin, à quelques jours de la décision de l’exécutif sur l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, tout le monde n’a pas la même analyse.

Selon que vous lisiez un journal ou un autre, vous n’arriverez pas aux mêmes conclusions.
En Une du Dauphiné par exemple, cette mise en garde : "zadistes : le risque d’une contagion".
Pour l’illustrer, une photo à effet repoussoir : un endroit boueux, des chaises renversées dans la glaise, des vélos cassés, une cabane crasseuse et taguée devant laquelle on distingue une personne, photographiée de dos, cachée derrière une bâche anti-aéroport…
Le "zadiste" contagieux n’a pas de visage.

La contagion donc, expression que reprend également Le Progrès avec une carte de France des "zones occupées" et des "zones de tension". Une bonne vingtaine, un peu partout sur le territoire.
"Et ce qui inquiète les autorités, écrit Luc Chaillot, c’est que l’évacuation de Notre-Dame-Des-Landes pousse les zadistes vers d’autres sites de projets contestés".
"Par exemple, dans la Meuse, à Bure avec les anti-nucléaire mais aussi en Isère, à Roybon, occupé depuis trois ans contre l’implantation d’un Center Parcs. Ou encore près de Strasbourg, où les opposants au projet de contournement autoroutier ont implanté une ZAD et des cabanes en bois".

Les cabanes en bois. Oui, mais pas que...
"Miradors, tranchées, engins incendiaires pour les autorités, rapporte Le Progrès, la ZAD ressemble à un "camp retranché" avec des "militants extrémistes" prêts à en découdre violemment".

Et puis, même sujet, mais autre présentation, cette fois en Une de La Croix.

Pas de visage dissimulé, ni de cabanes cradingues. Photo d’un paysan, salopette bleue et bottes en caoutchouc, qui pose devant un panneau "aéroport, non !". En page intérieure c’est une jeune femme souriante qui arpente un potager, avec ce titre : "les zadistes s’organisent pour rester".

Et l’on dresse effectivement un tout autre tableau. Florence Pagneux qui est allée en reportage sur place parle bien "des cabanes en bois, yourtes, caravanes et autres lieu de vie plus ou moins élaboré", mais elle décrit surtout "un bocage qui bourdonne de vie".

"Dans la ferme de Bellevue, écrit La Croix, des vaches paissent tranquillement face à une rangée de tracteurs colorés. Fromage, beurre, crème fraiche et pain sont produits sur place. Élevage de brebis, boulangerie, maraichage, forge, tannerie… on trouve même un mur d’escalade, des groupes de musique et une bibliothèque. "C’est une force considérable que nous ne sommes pas près de lâcher", confie Sébastien, 32 ans, venu sur place en 2012 pour mettre ses convictions en pratique. Même motivation pour Youri, 25 ans, "je cherchais un lieu où retrouver prise sur ma vie, dit-il, et ce que j’ai trouvé ici est inespéré, c’est un endroit où l’horizon des possibles est infini".
Comme lui, beaucoup veulent croire que cette expérimentation d’une autre forme de vie en société va pouvoir se poursuivre, explique la journaliste, le défi étant, si l’aéroport est abandonné, de voir combien seront prêt à entrer dans la légalité. "Il faut trouver une formule juridique acceptable par tous, résume Julien Durand, porte-parole de l’association historique du mouvement, l’Acipa. "Il faudrait que l’État reste propriétaire du site, que les personnes qui restent sur place s’acquittent d’un loyer, l’eau, l’électricité et leurs impôts. En échange, il faudra rétablir la libre circulation"".
Un reportage et des pistes à retrouver dans La Croix.
Autre ZAD qui fait parler d’elle : celle de Bure, dans la Meuse et son projet d’enfouissement de déchets nucléaires.

Oui, l’Autorité de Sureté Nucléaire a rendu son avis sur ce projet d’enfouissement. Et là aussi les interprétations sont différentes.

Lecteurs du Figaro vous apprendrez que "le projet d’enfouissement des déchets radioactif est validé par l’ASN".
En revanche, lecteurs du Monde vous lirez que "l’ASN juge le projet de Bure dangereux : il doit être revu à cause du risque incendie".

Bref, il est dangereux mais validé.
C’est ce que résume l’Est Républicain, qui met en avant les "réserves de l’Autorité de Sureté Nucléaire".
Autrement dit, "c’est un "oui mais"", pour Les Échos.
Un "bien mais peut mieux faire", ajoute l’Opinion.

Une nuance d’autant plus importante que "l’enjeu à Bure est infiniment supérieur à celui de Notre-Dame-Des-Landes".
C’est le point de vue développé par Bernard Maillard dans le Républicain Lorrain qui rappelle que "depuis 1981, dit-il, les gouvernements successifs projettent de se débarrasser des déchets de l’énergie nucléaire en les enfouissant à un demi kilomètre sous terre.
Or, sachant que certains lots de ces cochonneries seront encore radioactifs dans des milliards d’années, des êtres humains se sont sentis assez concernés par l’avenir de leur lointaine descendance pour faire de Bure une nouvelle ZAD.
Une zone qui sera plus difficile à défendre que celle de Nantes, ajoute Bernard Maillard, mais si la raison l’emporte à l’Ouest, si le projet d’aéroport est abandonné, si les zadistes se retrouvent victorieux, et, de fait, reconnus comme authentique contre-pouvoir, il y a là un vrai encouragement pour ceux de Bure, conclue-t-il… On se prend à rêver d’un avenir imprévu".

À lire dans le Républicain Lorrain, visiblement touché par la "contagion zadiste".

Enfin, autre contagion en Une du Parisien ce matin : le phénomène "j’ai le droit".

Oui, le journal a "enquêté" sur cette génération qui, "à l’école comme en famille, fait systématiquement passer le "je" avant l’intérêt général".

"Les jeunes se comportent comme des consommateurs, pas comme des citoyens", juge un quinquagénaire, "les bases transmises par nos parents ont été oubliées", s’inquiète un autre. Pire, "mon fils m’a affirmé qu’il avait le droit de porter plainte si je lui mettais une fessée", confie une mère désemparée.

Le Parisien parle "d’une suspicion grandissante vis-à-vis de l’autorité, une défiance envers le maitre, le juge, le politique, les parents.
"Nous sommes dans la glorification des identités particulières, dans un individualisme forcené", juge celle dont le livre a inspiré cet article au Parisien, Barbara Lefebvre, enseignante et auteure de "Génération "j’ai le droit"". "L’explosion des réseaux sociaux a accentué la domination de ce "je" tout puissant qui pense primer sur le "nous". Or, quand la seule chose qui compte est la satisfaction de vos désirs, conclue-t-elle, cela créé un rapport extrêmement violent avec les autres".

Bon. Là vous être convaincu, vous vous dites sus à l’individualisme et au "moi je".
Et puis vous ouvrez le magazine Elle qui vous interpelle directement page 45 : "Vous ne pensez qu’à vous ? Vous vous regardez trop ? Eh bien tant mieux, répond Fabrice Midal, philosophe et auteur d’un livre intitulé "Sauvez votre peau ! Devenez narcissique"".
"On entend partout que le lien social se défait sous le poids de l’hyper-individualisme, mais au contraire, les gens ne savent plus s’écouter. Pris dans l’hystérie de la performance qui règne dans la société, on se juge trop durement, on se sacrifie. Il y a donc urgence à dire aux gens : écoutez-vous, on n’est jamais assez narcissique".

Une vision qui n’est pas réservé aux lectrices de Elle puisqu’on la retrouve aussi dans Le Point page 69 : "vive le narcissisme !", avec le même Fabrice Midal.

Alors la société souffre-t-elle d’une mauvaise définition de l’individualisme ? Trop de "moi" ? Pas assez de "je" ?
Autant de d’article qui, d’une certaine manière et quoi qu’on en pense, font de l’égo la zone à défendre du 21e siècle.

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