Selon le sondage annuel publié par La Croix, les médias sont en perte de crédibilité.
Jérôme Ivanichtchenko se penche sur cette étude publiée ce matin par La Croix. Le quotidien pose cette question : les Français ont-ils confiance dans les médias qui les informent ? Et les résultats sont préoccupants pour les journalistes.
Ils sont désastreux même ! La confiance des Français dans la crédibilité de ceux qui les informent est au plus bas depuis la création de ce baromètre, il y a une trentaine d’année.
C’est valable pour toutes les grandes familles de médias et pour tous les supports. Si la radio est jugée comme étant le moyen le plus fiable pour s’informer, ils ne sont qu’un peu plus d’un Français sur deux à le penser soit 52%. Vient ensuite la presse écrite qui perd sept points de confiance en un an avec une cote de crédibilité à 44%. Le mal est encore plus profond pour la télévision dont les informations sont jugées fiables par seulement 41% des Français, contre 50% encore l’année dernière. Enfin, Internet ferme la marche dans le cœur des sondés : ils sont seulement un sur quatre à juger que les infos qu’on y trouve sont crédibles.
Alors, la cause de ce désamour profond réside d’abord dans une forme de déconnexion entre les journalistes et ceux qui les écoutent ou les lisent : plusieurs sujets sont cités à titre d’exemple : le braquage de Kim Kardashian, le débat autour du burkini ou la présidentielle américaine. Des sujets qui ont obsédé les médias, mais qui n’intéressaient pas autant les Français. À l’opposé, ils jugent qu’on a trop peu parlé de la pédophilie dans l’Église ou de la Conférence pour l’environnement de Marrakech.
Ce désaveu, il tient aussi à la manière de percevoir celles et ceux qui transmettent l’information. 67% des Français estiment que les journalistes sont soumis aux pressions politiques. Ils sont 58% à penser qu’ils ne résistent pas aux pressions financières. Le constat est sans appel : pour une large majorité des Français, les médias ne sont pas indépendants. Et mécaniquement, ça décrédibilise leur propos.
Et surtout, ça les détourne de l’information.
L'appétit des Français pour l'actualité est au plus bas depuis la création de ce baromètre, en 1987. Seulement 64% d'entre eux déclarent s’y intéresser désormais, contre 70% l’année dernière. C’est encore plus vrai chez les jeunes.
Une baisse de l’appétit pour l’info qui intervient étrangement à une période charnière pour la vie démocratique, on pense à la perspective de l’élection présidentielle.
Ce n’est pas le seul paradoxe révélé par cette étude. En termes d’usage, Internet représente la première source d’information pour un quart des Français et ce malgré leur défiance vis-à-vis des informations qui y circulent et notamment sur les réseaux sociaux.
À une période où la désinformation est une pratique qui se répand de plus en plus, à l’heure où des sites internet partisans prennent les allures de sites d’info pour véhiculer une propagande et au moment où l’on s’inquiète d’une montée des populismes, on l'a vu autour des débats qui ont conduit au Brexit ou encore avec l'élection de Donald Trump, cette étude sonne comme un rappel à l’ordre.
Les journalistes ont une mission urgente : restaurer la confiance. Ca passe d’abord par un exercice nécessaire d’autocritique.