Rodrigo Duterte, le président philippin, avait promis de faire abattre 100.000 trafiquants de drogue et de gracier les policiers qui violeraient les droits de l'Homme. C'est exactement ce qui est en train de se passer.
Nous prenons la direction des Philippines, cet archipel d’Asie du Sud-Est où le président mène une guerre absolue contre la drogue. Une guerre qui a des conséquences en cascade !
Rodrigo Duterte s’était fait élire, en juin 2016, sur des promesses radicales. Il allait faire abattre 100.000 trafiquants, dont les cadavres engraisseraient les poissons de la baie de Manille et les policiers, qui au passage auraient violé les droits de l’Homme, seraient graciés. C’est exactement ce qui se passe depuis un peu plus d'un an. Plus de 3.800 morts officiellement, au moins le double disent les organisations de droits de l’Homme. La répression tous azimuts du narcotrafic est très vite devenue une campagne d’exécutions extra-judiciaires. Le moindre type qui a une trace de piqûre au creux du bras risque de se faire abattre, pour l’exemple. Soit par la police, soit par des milices, les "escadrons de la mort".
Et dans ces conditions, ça devient très compliqué pour ceux qui essayaient de soigner les consommateurs de drogues…
Oui et qui s’efforçaient notamment de minimiser les risque de propagation de maladies, tuberculose, hépatites, VIH… Pour cela il y a une méthode reconnue, distribuer des seringues propres. Or aujourd’hui, que ce soit à Manille ou ailleurs aux Philippines, les personnes dépendantes se cachent, elles ont peur. Et les personnels des ONG ont beaucoup de mal à les rencontrer. D’autant qu’eux aussi sont harcelés par la police, dans la mesure où ils transportent des seringues propres. Cela fait d’eux ses suspects, qui peuvent être inquiétés. Conséquence indirecte de cette guerre sanglante, donc, une deuxième vague de morts, cette fois de maladies, à cause de la contamination.
Ce qui est frappant c’est que ce Rodrigo Duterte reste extrêmement populaire !
Oui parce que le narcotrafic gangrenait vraiment l’archipel. Cela dit, depuis l’assassinat d’un adolescent en août, l’unanimité s’effrite. Il y a eu des manifestations contre Duterte le mois dernier, et un sondage réalisé fin septembre montre que la cote de popularité du président baisse sensiblement. Il a perdu 18 points ! Même si les Philippins "satisfaits" restent tout de même 48%.
Deuxième sujet de ce journal du monde, nous allons au Japon. Pour observer ce qui est devenu un vrai phénomène de société. Dans ce pays, on se tue littéralement au travail ! Le Japon est secoué par plusieurs cas de morts subites, par infarctus, AVC ou suicide, d'employés épuisés d’avoir trop travaillé. Bernard Delattre est à Tokyo pour nous raconter ça. Le dernier cas emblématique, c’est une grosse entreprise qui été condamnée pour la mort d’une de ses salariées, mais le verdict fait scandale…
Il s’agit du cas de Matsuri Takahashi, une jeune femme de 24 ans qui s’est suicidée il y a deux ans. Elle travaillait dans une grande agence de publicité, entre 15 et 20 heures par jour et ne dormait que 10 heures par semaine. Son entreprise vient d'être condamnée en justice pour violation du droit social. Mais le montant de l’amende a beaucoup choqué ici : moins de 4.000 euros ! C'est le prix de la vie d'un employé, au Japon...
Ça fait peu, effectivement… Mais combien de personnes sont concernées par ce problème ?
Ces 12 derniers mois, 191 travailleurs sont morts des suites de ce qui porte un nom au Japon, preuve que c'est un vrai problème de société. On appelle cela le Karoshi. Et c’est en vérité beaucoup plus que 191, car la reconnaissance officielle des cas de Karoshi nécessite une longue enquête, et on n'a pas encore pu examiner tous les décès survenus au travail en 2016. Le dernier cas qui a été révélé la semaine dernière, c'est celui d'une journaliste de la télé publique, la NHK. Elle était morte d'une crise cardiaque à 31 ans. Le mois précédant son décès, elle avait fait 159 heures supplémentaires et n'avait eu que deux jours de congé.
Et qu'est-ce qui est fait, concrètement, pour tenter d'enrayer ce fléau ?
Pas grand-chose, il faut bien le dire. Les majorités libérales au pouvoir au Japon quasiment sans interruption depuis 50 ans sont proches des milieux d'affaires. Donc elles refusent de voter des lois trop contraignantes pour les entreprises. Juste un exemple : le gouvernement a fixé à 100 le nombre d'heures supplémentaires autorisées chaque mois. Cela suffit largement à tuer un travailleur. Quant aux employeurs, ils sont confrontés à une grave pénurie de main-d’œuvre. Et donc, ils obligent même leurs salariés à faire des heures supplémentaires dites de "courtoisie" qui ne sont ni déclarées, ni payées. Parce qu'elles sont considérées comme du service rendu par le travailleur à son entreprise.
Deux infos en bref, pour terminer avec d’abord ces manifestations un peu spéciales, samedi, dans des villes américaines…
Des manifs avec un slogan unique, "we want sauce". Ici c’est à Los Angeles. Ils disent bien "on veut de la sauce". Des centaines de personnes ont fait la queue devant des McDo qui, samedi et samedi seulement, servaient une de leurs sauces des années 90 : la "Sichuan", redevenue très à la mode à cause d’un dessin animé, Rick et Morty, qui y fait allusion dans un de ses épisodes. Voilà… Et comme il n’y a pas eu assez de sauce pour tous les fans de la série, qui attendaient sur des centaines de mètres, des policiers ont même dû intervenir parfois. C’est aussi ça, l’Amérique !
Toujours aux États-Unis, les météorologues ont vu un gros nuage bizarre sur leurs écrans de contrôle…
Oui et ils ont cru d’abord que c’était un gros groupe d’oiseaux. Mais non, ça volait différemment. Et puis sur une largeur étonnante, de plus de 100 kilomètres. Alors ils ont sondé les réseaux sociaux pour savoir et se sont aperçu qu’il s’agissait d’un immense nuage de papillons. Des milliers de "painted ladies", ces papillons orange et noir, qui migrent chaque année vers le nord du Mexique quand arrive l’automne.