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SAISON 2017 - 2018, modifié à

Ce samedi, Catherine Nay brosse le portrait du porte-parole du gouvernement et Secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement.

Bonjour Catherine

Bonjour Wendy, bonjour à tous.

Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement et Secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement l'a confirmé : il sera candidat au poste de délégué général de la République En Marche. Emmanuel Macron le lui a demandé. Il ne pouvait pas refuser.

En bon soldat discipliné de la macronie, il a dit oui, lors d'un dîner à l'Elysée. A l'heure où le lien se distend avec les Français, Emmanuel Macron a fait le choix d'un homme de terrain, ancien maire de Fortcalquier, député des Alpes de Haute-Provence, dont jadis, parfois, ses ex-camarades du PS moquaient son accent du sud. Or, c'est justement avec ses intonations ensoleillées que le porte-parole du gouvernement a créé la marque Castaner. Chaque mercredi, ce grand type, belle gueule, barbe de trois jours soyée, délivrait la bonne parole présidentielle. Il avait parfois du mal à relire ses notes, mais retombait sur ses pattes en improvisant avec beaucoup de répartie, de bonhommie, mais parfois avec vacherie car c'est un bon sniper. Plaisant à voir et à entendre, il est vite devenu une attraction. En plus, alors que les relations entre la presse et le pouvoir sont plus tendues, sa disponibilité, son côté rond et chaleureux, ont contribué à mettre de l'huile dans les rouages. Il a fait le job avec cœur et ardeur.

Donc, on peut penser qu'il va abandonner le porte-parolat avec regret. Car créer un mouvement, ce n'est pas facile.

Surtout pour quelqu'un qui n'a jamais vraiment été un homme de parti. C'est un sacré challenge. L'enjeu, pour lui, c'est de donner consistance et force à un parti d'y type nouveau. "inventer un truc, faire un mouvement et pas un parti traditionnel", comme il dit. Déjà, il évoque la nécessité de réinvestir certains quartiers, de réinventer une démocratie horizontale où le militant de base aurait son influence. Du calme, du calme. Au sein du futur conseil national, la fameuse base n'aura droit qu'à un quart de siège, le reste étant réparti entre les élus En Marche et les 110 référents départementaux, tous choisis par la direction. Mais il faut bien structurer, organiser sur le terrain un mouvement qui a une santé en or -ce qui n'est pas le cas de tous les partis. Un mouvement qui revendique 300.000 adhérents, dont la plupart voudraient mettre leur expertise professionnelle au service de la politique, réfléchir, produire des idées bref, être entendus de Paris. Ces temps-ci, faute d'être entendue de Paris, la ferveur militante s'émousse un peu. Et il va falloir aussi préparer les élections européennes, municipales bref, s'implanter.

Et surtout, le mouvement n'était pas incarné.

Avec lui, ça va changer, avec Christophe Castaner, qui coche toutes les cases pour ce nouveau job. D'abord, sa force, c'est d'avoir été l'un des premiers à rejoindre Macron, dont il a la confiance donc, il est légitime auprès des adhérents. C'est un généraliste qui répond à tout. Il a désormais le cuir assez épais pour affronter un Wauquiez - à l'avenir, ce sera même son contradicteur, mais aussi les Mélenchon, les Le Pen. Il était déjà dans la lumière. Il y sera encore plus. Mais il ne sera jamais en concurrence avec le phare, qui jusqu'à nouvel ordre, se trouve à l'Elysée.

Benjamin Griveaux devrait le remplacer comme porte-parole. Christophe Castaner voudrait bien rester ministre des relations avec le Parlement.

Le ministre propose, le Président dispose. Qu'il reste à son poste est le souhait des députés. Il a su nouer une relation très forte avec eux. Il est très présent le mardi, aux réunions de groupe, passe du temps à la buvette, sais mettre du liant entre les gens. Et comme le dit la jeune Aurore Berger, il réinjecte de la politique, il sait donner du sens à l'action. alors qu'on ne fait pas assez de politique. Au fond, dit-elle, le véritable patron du groupe, c'est lui.

L'affaire est dans le sac. Christophe Castaner sera élu délégué du mouvement En Marche, le 18 novembre à Lyon, lors d'une convention.

D'ici là, il a quelques formalités à remplir : réunir des parrainages, 60 adhérents, dont 30 députés, 3 sénateurs, 10 référents. Question : sera-t-il le seul candidat ?

On a entendu beaucoup de critiques. C'est Macron qui décide de tout, tout part d'en haut.

Ceux qui disent ça oublient que c'est un grand classique. Pendant la campagne présidentielle de 81, le candidat Mitterrand avait donné les clés du PS à Lionel Jospin. Décision jupitérienne. Elu, c'est lui qui avait désigné Pierre Joxe comme président du groupe parlementaire. Et plus tard, quand Lionel Jospin est devenu Premier ministre de cohabitation avec Jacques Chirac, c'est lui qui a offert son poste de premier secrétaire à François Hollande. C'est vrai : Jean-Luc Mélenchon s'était présenté contre lui mais avait recueilli à peine 20% des suffrages, ce qu'il n'a toujours pas digéré, d'où sa brouille longue durée avec les socialistes.