Agnès Buzyn affirme que 25% des jeunes qui cherchent un emploi ont un problème de vue qui n'est corrigé par des lunettes.
Le Vrai-Faux avec la vision peu claire d’agnès Buzyn.
La ministre de la Santé a découvert cette semaine une statistique affolante, alors qu’elle négocie, avec les Mutuelles pour obtenir un remboursement à 100% des lunettes.
Agnès Buzyn : "On s’est rendu compte à pôle emploi que 25% des jeunes qui cherchent un emploi ont un trouble de la vision et ne sont pas corrigés par des lunettes. Vous vous rendez compte, c’est énorme ! Et ça explique le décrochage scolaire pour certains."
25% des jeunes qui cherchent un emploi n’ont pas de lunettes. Vrai ou faux ?
C’est faux. Pôle emploi n'a jamais conduit de telles études. Géraldine Woessner a demandé au ministère et madame Buzyn a confondu en fait. C'est Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, qui lui a glissé ce chiffre en sortant d'un forum pour l'emploi. Elle venait d'y croiser des gens d’Essilor, le fabricant de lunettes, qui lui ont donné cette statistique, complètement erronée, puisque le marchand se base sur une poignée de jeunes qui visitent ses stands dans certains salons. "C’est une perception", dit-on chez Essilor, ça n’a aucune valeur statistique. Donc ce chiffre est faux, vous pouvez l'oublier.
Tout comme vous pouvez oublier le lien avec le décrochage scolaire qui vient, lui aussi, d’une brochure d’Essilor. Selon le fabricant une mauvaise vue multiplierait par trois le risque de redoublement mais il s'appuie sur une étude conduite il y a 18 ans auprès de 222 enfants d’écoles défavorisées du Brésil, qui cumulaient bien d’autres difficultés. L'extrapolation ne vaut rien. Évidemment, la prévention est essentielle à l’école mais c’est d'abord un problème de santé.
Donc il n'y pas de lien prouvé entre problème de vue et insertion ?
Non. On a bien quelques statistiques. On sait par exemple qu'un tiers des 16-24 ans en France, ont une mauvaise vue. La majorité ont une correction dont ils sont très contents. Restent 10% des jeunes qui pensent que cette correction n’est pas optimale, et 3,5% qui sentent qu’ils auraient besoin de lunettes mais n'en ont pas du tout. Donc c’est préoccupant, mais il faut relativiser.
Ce qu’on connaît mal, par contre, c’est ce public spécifique des jeunes chômeurs. Ont-ils plus que les autres, des troubles non détectés ?
On ne sait pas, très peu d'enquêtes ont été conduites. La plus importante, auprès de 100.000 jeunes accueillis dans des missions locales, a eu lieu avant que la CMU-complémentaire n’existe. Les troubles de la vue ne sont pas remontés à l’époque comme un sujet d’intérêt. Même chose dans les enquêtes récentes, ce qui revient souvent, ce sont les problèmes d’addiction, cannabis, alcool et l’accès aux soins bucco-dentaires. Maintenant, cela ne veut pas dire que tout aille bien. On a des témoignages de gens qui se présentent avec du scotch sur leurs montures parce qu’ils ne peuvent pas se payer de nouvelles lunettes, mais cela concerne tout le monde, pas uniquement les jeunes.